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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/120

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magnétisme et de l’électricité, et prouve en même temps que le fluide électrique est non seulement la cause de la plupart des tremblements de terre, mais qu’il produit aussi l’aimantation de toutes les matières ferrugineuses sur lesquelles il exerce son action.

Rassemblant donc tous les rapports entre les phénomènes, toutes les convenances entre les principaux effets du magnétisme et de l’électricité, il me semble qu’on ne peut pas se refuser à croire qu’ils sont produits par une seule et même cause, et je suis persuadé que si l’on réfléchit sur la théorie que je viens d’exposer, on en reconnaîtra clairement l’identité. Simplifier les causes, et généraliser les effets, doit être le but du physicien, et c’est aussi tout ce que peut le génie aidé de l’expérience et guidé par les observations.

Or, nous sommes aujourd’hui bien assurés que le globe terrestre a une chaleur qui lui est propre, et qui s’exhale incessamment par des émanations perpendiculaires à sa surface ; nous savons que ces émanations sont constantes, très abondantes dans les régions voisines de l’équateur, et presque nulles dans les climats froids. Ne doivent-elles pas, dès lors, se porter de l’équateur aux deux pôles par des courants opposés ? Et, comme l’hémisphère austral est plus refroidi que le boréal, qu’il présente à sa surface une plus grande

    par ses deux bouts la même limaille de fer que j’avais depuis longtemps employée sans succès ; voulant alors m’assurer plus particulièrement de ce phénomène, j’essayai de lui présenter de fines aiguilles d’acier, que j’avais vérifiées n’avoir aucune des propriétés de l’aimant ; elles furent, ainsi que la limaille, attirées visiblement ; je répétai la chose plusieurs fois de suite, en changeant les aiguilles ; malgré cela, j’obtins constamment le même résultat, et je parvins enfin à en faire porter de très légères par le bout de la barre tourné du côté de l’ouest ; le bout opposé me parut un peu moins fort, mais la différence était si petite, qu’il fallait apporter la plus grande attention pour s’en apercevoir. Depuis cette époque, cette barre a constamment conservé la vertu magnétique qu’elle possède encore aujourd’hui, 6 octobre 1786, au même degré d’intensité ; ce dont je juge par le poids qu’elle soutient, etc., etc.

    » Il est nécessaire de faire observer que le bout de la barre tourné vers l’ouest formait et forme encore aujourd’hui le pôle boréal, et celui opposé, le pôle austral, ce qui est parfaitement démontré par les pointes qu’ils attirent des aiguilles de mes boussoles. Mais ce qu’il est surtout essentiel de faire remarquer, c’est que la barre placée dans la direction du méridien magnétique est absolument dans le même état que le premier jour où elle a été mise en expérience, c’est-à-dire qu’elle n’a pas donné jusqu’à présent le plus léger signe qu’elle fût devenue magnétique ; ces deux barres n’ont point été déplacées depuis le premier jour qu’elles ont été mises en expérience.

    » Le 15 octobre 1784, à midi et quelques minutes, j’étais occupé à écrire dans mon cabinet, situé au deuxième étage, ayant deux fenêtres du côté de l’ouest, qui étaient ouvertes ainsi qu’une porte placée à l’est ; ce qui formait dans mon cabinet un courant d’air. Le vent était au nord et l’air presque calme : le baromètre à vingt-sept pouces quatre lignes et demie ; le thermomètre à dix degrés au-dessus du terme de la congélation, le ciel serein, lorsque j’entendis un bruit sourd, assez semblable à celui d’une voiture fortement chargée, roulant sur le pavé ; au même instant le plancher supérieur de mon cabinet, et celui de ma chambre craquèrent avec violence, et je me sentis balancer deux ou trois fois sur ma chaise assez rudement. Je puis certifier par la manière dont j’étais placé, et d’après le mouvement d’oscillation que j’ai éprouvé, que les secousses de ce tremblement de terre ont duré environ trois à quatre secondes, et qu’elles suivaient la direction de l’est à l’ouest ; ce qui d’ailleurs m’a été confirmé par deux autres faits qui se sont passés sous mes yeux. Il est bon d’observer que les derniers jours qui ont précédé celui du tremblement de terre ont été beaux, le vent étant au nord ; que le lendemain dudit jour, il y eut un brouillard très considérable, qui fut le dernier de l’automne ; il dura plusieurs heures de la matinée, après quoi le temps redevint serein et continua ainsi pendant plusieurs jours. » Extrait d’une lettre de M. de Rozière à M. le comte de Buffon, du 14 décembre 1786.