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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/115

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conque feindra voir un oiseau ayant la corpulence d’un milan, le bec entre le corbeau et l’oiseau de proie, crochu par le fin bout, et les jambes et pieds, et marcher comme le corbeau, aura l’idée de cet oiseau, qui est fréquent en Égypte, mais rare ailleurs, quoiqu’il y en ait quelques-uns en Syrie, et que j’en aie, ajoute-t-il, vu quelques-uns dans la Caramanie. » Au reste, cet oiseau varie pour les couleurs ; c’est, à ce que croit Belon, l’hierax ou accipiter Ægyptius d’Hérodote, qui, comme l’ibis, était en vénération chez les anciens Égyptiens, parce que tous deux tuent et mangent les serpents et autres bêtes immondes qui infestent l’Égypte[1]. « Auprès du Caire, dit le docteur Shaw, nous rencontrâmes plusieurs troupes d’achbobbas, qui, comme nos corbeaux, vivent de charogne… C’est peut-être l’épervier d’Égypte, dont Strabon dit que, contre le naturel de ces sortes d’oiseaux, il n’est pas fort sauvage, car l’achbobba est un oiseau qui ne fait pas de mal et que les mahométans regardent comme sacré ; c’est pourquoi le Bacha donne tous les jours deux bœufs pour les nourrir, ce qui paraît être un reste de l’ancienne superstition des Égyptiens[2]. » C’est de ce même oiseau dont parle Paul Lucas. « On rencontre en Égypte, dit-il, de ces éperviers à qui on rendait, ainsi qu’à l’ibis, un autre culte religieux ; c’est un oiseau de proie de la grosseur d’un corbeau, dont la tête ressemble à celle d’un vautour et les plumes à celles d’un faucon ; les prêtres de ce pays représentaient de grands mystères sous le symbole de cet oiseau ; ils le faisaient graver sur leurs obélisques et sur les murailles de leurs temples pour représenter le soleil ; la vivacité de ses yeux qu’il tourne incessamment vers cet astre, la rapidité de son vol, sa longue vie, tout leur parut propre à marquer la nature du soleil, etc.[3]. » Au reste, cet oiseau, qui, comme l’on voit, n’est pas assez décrit, pourrait bien être le même que le galinache ou marchand, dont nous ferons mention article IV.

III. — L’oiseau de L’Amérique méridionale, que les Européens qui habitent les colonies ont appelé roi des vautours[NdÉ 1], et qui est en effet le plus bel oiseau de ce genre. C’est d’après celui qui est au Cabinet du roi que M. Brisson en a donné une bonne et ample description. M. Edwards, qui a vu plusieurs de ces oiseaux à Londres, l’a aussi très bien décrit et dessiné.

  1. Belon, Hist. nat. des Oiseaux, p. 110 et 111, avec figure, dans laquelle on peut remarquer que le bec ressemble beaucoup plus à celui d’un aigle ou d’un épervier qu’à celui d’un vautour ; mais on doit présumer que cette partie est mal représentée dans la figure, puisque l’auteur dit dans sa description que le bec est entre celui du corbeau et celui d’un oiseau de proie, et crochu par l’extrémité, ce qui exprime assez bien la forme du bec d’un vautour.
  2. Voyage de M. Shaw, t. II, p. 9 et 92.
  3. Voyage de Paul Lucas, t. III, p. 204.
  1. C’est le Sarcorhamphus Papa Dum. [Note de Wikisource : actuellement Sarcoramphus Papa Linnæus, vulgairement vautour pape]. Les Sarcorhamphus Dum. se distinguent des Vultur par la présence, à la base du bec, d’une cire et d’un lobe cutané souvent très développés.