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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/150

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des yeux jaune, ainsi que la peau qui couvre la base du bec, les pieds de la même couleur, le bec blanchâtre à son origine et noir avec son crochet ; le dessus de la tête, du cou, du dos, du croupion, des ailes et de la queue, couvert de plumes blanches mêlées de quelques plumes brunes ; les jambes couvertes de longues plumes blanches, mêlées d’une légère teinte rouge, et variées de taches longitudinales brunes… ; les plumes de la queue brunes comme celles des aigles, mais rayées de quatre bandes transversales blanches.


LE GERFAUT

Le gerfaut[NdÉ 1], tant par sa figure que par le naturel, doit être regardé comme le premier de tous les oiseaux de la fauconnerie, car il les surpasse de beaucoup en grandeur : il est au moins de la taille de l’autour ; mais il en diffère par des caractères généraux et constants, qui distinguent tous les oiseaux propres à être élevés pour la fauconnerie, de ceux auxquels on ne peut pas donner la même éducation. Ces oiseaux de chasse noble sont les gerfauts, les faucons, les sacres, les laniers, les hobereaux, les émerillons et les cresserelles. Ils ont tous les ailes presque aussi longues que la queue ; la première plume de l’aile, appelée le cerceau, presque aussi longue que celle qui la suit, le bout de cette plume en penne ou en forme de tranchant ou de lame de couteau, sur une longueur d’environ un pouce à son extrémité ; au lieu que, dans les autours, les éperviers, les milans et les buses, qui ne sont pas oiseaux aussi nobles ni propres aux mêmes exercices, la queue est plus longue que les ailes, et cette première plume de l’aile est beaucoup plus courte et arrondie par son extrémité ; et ils diffèrent encore en ce que la quatrième plume de l’aile est dans ces derniers oiseaux la plus longue, au lieu que c’est la seconde dans les premiers. On peut ajouter que le gerfaut diffère spécifiquement de l’autour par le bec et les pieds qu’il a bleuâtres, et par son plumage qui est brun sur toutes les parties supérieures du corps, blanc taché de brun sur toutes les parties inférieures, avec la queue grise, traversée de lignes brunes. Cet oiseau se trouve assez communément en Islande, et il paraît qu’il y a variété dans l’espèce ; car il nous a été envoyé de Norvège un gerfaut qui se trouve également dans les pays les plus septentrionaux, qui diffère un peu de l’autre par les nuances et par

  1. Hierofalco islandicus [Note de Wikisource : actuellement Falco (Hierofalco) rusticolus Linnæus]. Les Hierofalco appartiennent à la famille des Falconidés et ont été longtemps confondus avec les faucons véritables, dans le genre Falco. Ils sont caractérisés par une grande taille, un bec renflé, très recourbé, fort ; une queue longue, presque rectiligne, ne dépassant que peu les ailes. À mesure qu’ils vieillissent leur plumage blanchit. A. E. Brehm admet trois espèces de Hierofalco ; l’H. candicans, de l’Islande, l’H. arcticus, du Groenland, et l’H. gyrfalco, de Norvège [Note de Wikisource : on considère aujourd’hui que le faucon gerfaut n’admet pas de sous-espèces (si ce n’est peut-être une sous-espèce islandaise), pour la raison que les capacités de vol des gerfauts, qui peuvent voler sur de longues distances et se reproduire entre populations géographiques éloignées, empêchent dans une grande mesure l’apparition de sous-espèces].