Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes les îles de la Méditerranée, et particulièrement celle de Candie, d’où nous venaient autrefois les meilleurs faucons.

Comme les arts n’appartiennent point à l’histoire naturelle, nous n’entrerons point ici dans les détails de l’art de la fauconnerie : on les trouvera dans l’Encyclopédie[1], dont nous avons déjà emprunté deux notes. « Un bon faucon, dit M. Leroy, auteur de l’article Fauconnerie, doit avoir la tête ronde, le bec court et gros, le cou fort long, la poitrine nerveuse, les mahutes larges, les cuisses longues, les jambes courtes, la main large, les doigts déliés, allongés et nerveux aux articles, les ongles fermes et recourbés, les ailes longues ; les signes de force et de courage sont les mêmes pour le gerfaut et pour le tiercelet, qui est le mâle dans toutes les espèces d’oiseaux de proie, et qu’on appelle ainsi, parce qu’il est d’un tiers plus petit que la femelle ; une marque de bonté moins équivoque dans un oiseau est de chevaucher contre le vent, c’est-à-dire de se roidir contre, et se tenir ferme sur le poing lorsqu’on l’y expose : le pennage d’un faucon doit être brun et tout d’une pièce, c’est-à-dire de même couleur ; la bonne couleur des mains est de vert d’eau ; ceux dont les mains et le bec sont jaunes, ceux dont le plumage est semé de taches sont moins estimés que les autres : on fait cas des faucons noirs ; mais, quel que soit leur plumage, ce sont toujours les plus forts en courage qui sont les meilleurs… Il y a des faucons lâches et paresseux ; il y en a d’autres si fiers qu’ils s’irritent contre tous moyens de les apprivoiser ; il faut abandonner les uns et les autres, etc. »

M. Forget, capitaine du vol à Versailles, a bien voulu me communiquer la notice suivante :

« Il n’y a, dit-il, de différence essentielle entre les faucons de différents pays que par la grosseur ; ceux qui viennent du Nord sont ordinairement plus grands que ceux des montagnes, des Alpes et des Pyrénées ; ceux-ci se prennent, mais dans leurs nids ; les autres se prennent au passage dans tous les pays ; ils passent en octobre et en novembre, et repassent en février et mars… L’âge des faucons se désigne très distinctement la seconde année, c’est-à-dire à la première mue ; mais dans la suite les connaissances deviennent bien plus difficiles ; indépendamment des changements de couleur, on peut les distinguer jusqu’à la troisième mue, c’est-à-dire par la couleur des pieds et celle de la membrane du bec. »


  1. Voyez cet article, Fauconnerie, au sujet de l’éducation des faucons, de ses maladies et des soins propres à les prévenir, ou des remèdes nécessaires pour les guérir, par M. Leroy, lieutenant des chasses de S. M., à Versailles.