Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

qui pendent sur le cou. Cet oiseau est noir sur toutes les parties supérieures de la tête et du corps ; mais sur la poitrine et le ventre son plumage est traversé de lignes noires et blanches alternativement ; les plumes de la queue sont aussi rayées de lignes alternativement noires et cendrées ; les pieds sont couverts de plumes jusqu’à l’origine des doigts ; l’iris des yeux, la peau qui couvre la base du bec, et les pieds, sont jaunes ; le bec est d’un bleu noirâtre, et les ongles sont d’un beau noir.

Au reste, il paraît, par le témoignage des voyageurs, que le genre des faucons est l’un des plus universellement répandus ; nous avons dit qu’on en trouve partout en Europe, du nord au midi, qu’on en prend en quantité dans les îles de la Méditerranée, qu’ils sont communs sur la côte de Barbarie. M. Shaw[1], dont j’ai trouvé les relations presque toujours fidèles, dit qu’au royaume de Tunis il y a des faucons et des éperviers en assez grande abondance, et que la chasse à l’oiseau est un des plus grands plaisirs des Arabes et des gens un peu au-dessus du commun : on les trouve encore plus fréquemment au Mogol[2] et en Perse[3], où l’on prétend que l’art de la

  1. Voyage de M. Shaw, t. Ier, p. 389.
  2. On se sert du faucon, au Mogol, pour la chasse du daim et des gazelles. Voyage de Jean Ovington, t. Ier, p. 277.
  3. Les Persans entendent tout à fait bien à enseigner les oiseaux de chasse, et ordinairement ils dressent les faucons à voler sur toutes sortes d’oiseaux, et pour cela ils prennent des grues et d’autres oiseaux qu’ils laissent aller, après leur avoir bouché les yeux ; aussitôt ils font voler le faucon, qui les prend fort aisément Il y a des faucons pour la chasse de a gazelle, qu’ils instruisent de la manière qui suit : ils ont des gazelles contrefaites (empaillées), sur le nez desquelles ils donnent toujours à manger à ces faucons, et jamais ailleurs : après qu’ils les ont ainsi élevés ils les mènent à la campagne ; et lorsqu’ils ont découvert une gazelle ils lâchent deux de ces oiseaux, dont l’un va fondre sur le nez de la gazelle, et lui donne en arrière des coups de pieds : la gazelle s’arrête et se secoue pour s’en délivrer ; l’oiseau bat des ailes pour se retenir, ce qui empêche encore la gazelle de bien courir, et même de voir devant elle ; enfin, lorsqu’avec bien de la peine elle s’en est défaite, l’autre faucon qui est en l’air prend la place de celui qui est à bas, lequel se relève pour succéder à son compagnon quand il sera tombé ; et de cette sorte ils retardent tellement la course de la gazelle que les chiens ont le temps de l’attraper. Il y a d’autant plus de plaisir à ces chasses que le pays est plat et découvert, y ayant fort peu de bois. Relation de Thévenot, t. II, p. 200 ; Voyage de Jean Ovington, t. Ier, p. 279. — La manière dont les Persans dressent les faucons à la chasse des bêtes fauves est d’en écorcher une et d’en remplir la peau de paille, et d’attacher toujours la viande dont on repaît les faucons sur la tête de cette peau bourrée, que l’on fait mouvoir sur quatre roues par une machine, tant que l’oiseau mange, afin de l’y accoutumer… Si la bête est grande, on lâche plusieurs oiseaux après elle qui la tourmentent l’un après l’autre… Ils se servent aussi de ces oiseaux pour les rivières et les marais, dans lesquels ils vont, comme les chiens, chercher le gibier… Comme tous les gens d’épée sont chasseurs, ils portent d’ordinaire à l’arçon de la selle une petite timbale de huit à neuf pouces de diamètre, qui leur sert à rappeler l’oiseau en frappant dessus. Voyage de Chardin, t. II, p. 32 et 33. — La Perse ne manque pas d’oiseaux de proie ; il s’y trouve quantité de faucons, d’éperviers et de lannerets, et autres semblables oiseaux de chasse, dont la vénerie du roi est très bien pourvue, et on y en compte plus de huit cents : les uns sont pour le sanglier, l’âne sauvage et la gazelle ; les autres pour voler les grues, les hérons, les oies et les perdrix. Une grande partie de ces oiseaux de chasse s’apporte de Russie ; mais les plus grands et les plus beaux viennent des montagnes qui s’étendent vers le midi depuis Schiraz jusqu’au golfe Persique. Voyage de Dampierre, t. II, p. 23 et suiv.