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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/169

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fauconnerie est plus cultivé que partout ailleurs[1] ; on en trouve jusqu’au Japon, où Kæmpfer[2] dit qu’on les tient plutôt par faste que pour l’utilité de la chasse, et ces faucons du Japon viennent des parties septentrionales de cette île. Kolbe[3] fait aussi mention des faucons du cap de Bonne-Espérance, et Bosman de ceux de Guinée[4] ; en sorte qu’il n’y a, pour ainsi dire, aucune terre, aucun climat dans l’ancien continent où l’on ne trouve l’espèce du faucon ; et comme ces oiseaux supportent très bien le froid, et qu’ils volent facilement et très rapidement, on ne doit pas être surpris de les retrouver dans le nouveau continent ; il y en a dans le Groenland[5], dans les parties montagneuses de l’Amérique septentrionale et méridionale[6], et jusque dans les îles de le mer du Sud[7].

V. — L’oiseau appelé tanas par les nègres du Sénégal, et qui nous a été donné par M. Adanson sous le nom de faucon pêcheur, ressemble presque en tout à notre faucon par les couleurs du plumage[NdÉ 1] ; il est néanmoins un peu plus petit ; il a sur la tête de longues plumes éminentes qui se rabattent en arrière et qui forment une espèce de huppe par laquelle on pourra toujours distinguer cet oiseau des autres du même genre ; il a aussi le bec jaune, moins courbé et plus gros que le faucon ; il en diffère encore en ce que les deux mandibules ont des dentelures très sensibles ; et son naturel est aussi différent, car il pêche plutôt qu’il ne chasse ; je crois que c’est à cette espèce qu’on doit rapporter l’oiseau duquel Dampierre[8] fait mention sous ce même nom de faucon pêcheur : « Il ressemble, dit-il, à nos plus petits faucons pour la couleur et la figure : il a le bec et les ergots faits

  1. Les Persans, qui sont fort patients, prennent aussi plaisir à dresser un corbeau de la même manière qu’ils dressent un épervier. Voyage de Dampierre, t. II, p. 25.
  2. Kæmpfer, Hist. du Japon, t. Ier, p. 115.
  3. Kolbe, Description du cap de Bonne-Espérance, t. III, p. 146.
  4. Sur cette côte de Guinée, on voit encore un autre oiseau de proie qui ressemble fort à un faucon, et qui, quoiqu’un peu plus gros qu’un pigeon, est si hardi et si fort qu’il se jette sur les plus grosses poules et les emporte. Voyage de Guillaume Bosman, lettre 15e, p. 268.
  5. On trouve dans le Groenland des faucons blancs et gris en très grand nombre, et plus qu’en autre lieu du monde. On portait anciennement de ces oiseaux pour grande rareté aux rois de Danemark à cause de leur bonté merveilleuse, et les rois de Danemark en faisaient des présents aux rois et princes leurs voisins ou amis, parce que la chasse de l’oiseau n’est du tout point en usage dans le Danemark, non plus qu’aux autres endroits du Septentrion. Recueil des voyages du Nord, t. Ier, p. 99.
  6. On a envoyé plusieurs et diverses sortes de faucons de la Neuve-Espagne et du Pérou aux seigneurs d’Espagne, d’autant qu’on en fait grande estime. Il y a même des hérons et des aigles de diverses sortes, et il n’y a point de doute que ces espèces d’oiseaux, et autres semblables, n’y aient passé bien plus tôt que les lions et les tigres. Hist. naturelle des Indes occidentales, par Acosta, p. 193. — Nota. L’oiseau que les Mexicains appelaient hotli, indiqué par Fernandès, paraît être le même que le faucon noir dont nous avons parlé.
  7. Hist. des navigations aux terres australes, t. III, p. 197.
  8. Nouveau Voyage autour du monde, par Guillaume Dampierre, t. III, p. 318.
  1. C’est le Falco piscator de Gmelin. [Note de Wikisource : Il s’agit très probablement du Crinifer piscator Boddaert, vulgairement touraco gris, qui n’est cependant pas un oiseau de proie.]