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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/174

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LE ROCHIER

L’oiseau qu’on a nommé faucon de roche, ou rochier, n’est pas si gros que la cresserelle et me paraît fort semblable à l’émerillon[NdÉ 1], dont on se sert dans la fauconnerie ; il fait, disent les auteurs, sa retraite et son nid dans les rochers. M. Frisch est le seul avant nous qui ait donné une bonne indication de cet oiseau. En considérant attentivement sa forme et ses caractères, et en les comparant avec la forme et les caractères de l’espèce d’émerillon dont on se sert dans la fauconnerie, nous sommes très porté à croire que le rochier et cet émerillon sont de la même espèce, ou du moins d’une espèce encore plus voisine l’une de l’autre que de celle de la cresserelle. On verra, dans l’article suivant, qu’il y a deux espèces d’émerillons, dont la première approche beaucoup de celle du rochier et la seconde de celle de la cresserelle ; comme tous ces oiseaux sont à peu près de la même taille, du même naturel, et qu’ils varient autant et plus par le sexe et par l’âge que par la différence des espèces, il est très difficile de les bien reconnaître, et ce n’est qu’à force de comparaisons faites d’après nature que nous sommes parvenu à les distinguer les uns des autres.


L’ÉMERILLON

L’oiseau dont il est question n’est point l’émerillon des naturalistes, mais l’émerillon des fauconniers[NdÉ 2], qui n’a été indiqué ni bien décrit par aucun de nos nomenclateurs ; cependant c’est le véritable émerillon dont on se sert tous les jours dans la fauconnerie et que l’on dresse au vol pour la chasse ; cet oiseau est, à l’exception des pies-grièches, le plus petit de tous les oiseaux de proie, n’étant que de la grandeur d’une grosse grive ; néanmoins, on doit le regarder comme un oiseau noble et qui tient de plus près qu’un autre à l’espèce du faucon ; il en a le plumage[1], la forme et l’attitude ; il a le même naturel, la même docilité, et tout autant d’ardeur et de courage ; on peut en faire un bon oiseau de chasse pour les alouettes, les cailles et même les perdrix, qu’il prend et transporte, quoique beaucoup plus pesantes que lui ; souvent il les tue d’un seul coup et en les frappant de l’estomac sur la tête ou sur le cou.

Cette petite espèce, si voisine d’ailleurs de celle du faucon par le courage

  1. Il ressemble, en effet, par les nuances et la distribution des couleurs, au faucon sors.
  1. D’après Cuvier, le Rochier n’est que le mâle vieux de l’Émerillon.
  2. C’est le Falco æsalon L. [Note de Wikisource : actuellement Falco columbarius Linnæus ; on trouve aussi l’appellation vulgaire faucon merlin].