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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/203

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que les aigrettes partent du bec au lieu de partir des oreilles. Or on peut voir de même dans les figures des trois ducs, données par Aldrovande, qu’il n’y a que le premier, c’est-à-dire le duc commun, dont les aigrettes partent des oreilles ; et que dans les autres, qui néanmoins sont des variétés qui se trouvent en Italie, les plumes des aigrettes ne partent pas des oreilles, mais de la base du bec, comme dans le duc de Virginie décrit par M. Edwards : il me paraît donc que M. Klein a prononcé trop légèrement lorsqu’il a dit que ce grand duc de Virginie était d’une espèce toute différente de l’espèce d’Europe, parce que les aigrettes partent du bec, au lieu que celles de notre duc partent des oreilles ; s’il eût comparé les figures d’Aldrovande et celles de M. Edwards, il eût reconnu que cette même différence, qui ne fait qu’une variété, se trouve en Italie comme en Virginie, et qu’en général les aigrettes dans ces oiseaux ne partent pas précisément du bord des oreilles, mais plutôt du dessus des yeux et des parties supérieures à la base du bec.


LE HIBOU OU MOYEN DUC

Le hibou[NdÉ 1], otus ou moyen duc, a, comme le grand duc, les oreilles fort ouvertes et surmontées d’une aigrette composée de six plumes tournées en

    crochue et surpasse la mandibule inférieure comme dans les aigles ; il est recouvert d’une peau dans laquelle sont placées les narines, et qui est recouverte à la base par des plumes grises qui environnent le bec ; les yeux sont grands et l’iris en est brillant et couleur d’or… Les plumes qui composent les cornes prennent leur naissance immédiatement au-dessus du bec, où elles sont mélangées d’un peu de blanc ; mais à mesure qu’elles s’élèvent au-dessus de la tête, elles deviennent d’un rouge brun et se terminent par du noir au dehors ; le dessus de la tête, du cou, du dos, des ailes et de la queue, est d’un brun obscur, taché et entremêlé assez confusément de petites lignes transversales rougeâtres et cendrées… le haut de la gorge, sous le bec, est blanc ; un peu plus bas, jaune orangé, taché de noir ; le bas de la poitrine, le ventre, les jambes et le dessous de la queue sont blancs ou d’un gris pâle, assez régulièrement traversé de barres brunes ; le dedans des ailes est varié et coloré de la même façon ; les pieds sont couverts, jusqu’aux ongles, de plumes d’un gris blanc, et les ongles sont d’une couleur de corne brune et foncée : j’ai dessiné, ajoute M. Edwards, cet oiseau vivant à Londres, où il était venu de Virginie : j’ai chez moi la dépouille d’un autre qui est empaillé, et qui a été apporté de la baie d’Hudson ; il m’a paru qu’il était de la même espèce que le premier, étant de la même grandeur et n’en différant que par quelques nuances de couleur. » Je ne ferai qu’une réflexion sur cette description dont je viens de donner la traduction par extrait, c’est qu’il n’y a que le caractère des aigrettes partant du bec, et non pas des oreilles, qui puisse faire regarder cet oiseau d’Amérique comme faisant une variété constante dans l’espèce du grand duc ; et que cette variété se trouvant en Europe aussi bien qu’en Amérique, elle est non seulement constante, mais générale, et fait une branche particulière, une famille différente dans cette espèce.

  1. Otus vulgaris L. [Note de Wikisource : actuellement Asio otus Linnæus, vulgairement hibou moyen-duc]. Les Otus se distinguent des Bubo par leur taille moins considérable, par un cercle complet, mais irrégulier, de plumes autour de l’œil, par des conques auditives plus grandes, étendues en demi-cercle du bec au sommet de la tête et par des ailes plus longues, atteignant ou même dépassant l’extrémité de la queue.