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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/224

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il se trouve des hulottes plus noires les unes que les autres, des chats-huants plutôt couleur de plomb que gris-de-fer foncé, des effraies plus blanches ou plus jaunes les unes que les autres, des chouettes ou chevèches grandes et petites, plutôt fauves que brunes ; mais, en réunissant ensemble et comparant les caractères que nous venons d’indiquer, je crois que tout le monde pourra les reconnaître, c’est-à-dire les distinguer les unes des autres sans s’y méprendre.


OISEAUX ÉTRANGERS
QUI ONT RAPPORT AUX HIBOUX ET AUX CHOUETTES

I.LE CABURE OU CABOURE.

L’oiseau appelé cabure ou caboure par les Indiens du Brésil, qui a des aigrettes de plumes sur la tête, et qui n’est pas plus gros qu’une litorne ou grive des genévriers : ces deux caractères suffisent pour indiquer qu’il tient de très près à l’espèce du scops ou petit duc, si même il n’est pas une variété de cette espèce[NdÉ 1]. Marcgrave est le seul qui ait décrit cet oiseau[1] ; il n’en donne pas la figure : c’est, dit-il, une espèce de hibou de la grandeur d’une litorne (turdela) ; il a la tête ronde, le bec court, jaune et crochu, avec deux trous pour narines ; les yeux beaux, grands, ronds, jaunes, avec la pupille noire ; sous les yeux, et à côté du bec, il y a des poils longuets et bruns ; les jambes sont courtes et entièrement couvertes, aussi bien que les pieds, de plumes jaunes ; quatre doigts à l’ordinaire, avec des ongles semi-lunaires, noirs et aigus ; la queue large, et à l’origine de laquelle se terminent les ailes ; le corps, le dos, les ailes et la queue sont de couleur d’ombre pâle, marquée sur la tête et le cou de très petites taches blanches, et sur les ailes de plus grandes taches de cette même couleur ; la queue est ondée de blanc, la poitrine et le ventre sont d’un gris blanchâtre, marqué d’ombre pâle (c’est-à-dire d’un brun clair). Marcgrave ajoute que cet oiseau s’apprivoise aisément, qu’il peut tourner la tête et allonger le cou, de manière que l’extrémité de son bec touche au milieu de son dos ; qu’il joue avec les hommes comme un singe, et fait à leur aspect diverses bouffonneries et craquements de bec ; qu’il peut outre cela remuer les plumes qui sont des deux côtés de la tête, de manière qu’elles se dressent et représentent de petites cornes ou des oreilles ; enfin qu’il vit de chair crue. On

  1. Marcgrave, Hist. Brasil., page 212.
  1. C’est le Strix brasiliana de Gmelin. [Note de Wikisource : L’identification de cet oiseau sur la seule description de Marcgrave est discutée. On a convenu de faire remonter à la Strix brasiliana de Gmelin la chouette dite chevêchette brune, actuellement Glaucidium brasilianum Gmelin, appelée caburé en espagnol et en portugais. Mais la description de Marcgrave, et notamment la mention d’aigrette dont la chevêchette est dépourvue, fait plutôt penser au petit-duc choliba, actuellement Strix choliba Vieillot. L’Avibase enregistre ainsi la Strix brasiliana de Gmelin comme protonyme de la première espèce et comme synonyme de la seconde.]