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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/250

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c’est celle dont nous devons la description à Vallisnieri[NdÉ 1]. On ne sait pas mieux le temps qui est nécessaire pour l’incubation des œufs[NdÉ 2] : tout ce qu’on sait, ou plutôt tout ce qu’on assure, c’est qu’aussitôt que les jeunes autruches sont écloses elles sont en état de marcher, et même de courir et de chercher leur nourriture[1], en sorte que dans la zone torride, où elles trouvent le degré de chaleur qui leur convient et la nourriture qui leur est propre, elles sont émancipées en naissant, et sont abandonnées de leur mère, dont les soins leur sont inutiles ; mais dans les pays moins chauds, par exemple au cap de Bonne-Espérance, la mère veille à ses petits tant que ses secours leurs sont nécessaires[2], et partout les soins sont proportionnés aux besoins.

Les jeunes autruches sont d’un gris cendré la première année, et ont des plumes partout, mais ce sont de fausses plumes qui tombent bientôt d’elles-mêmes pour ne plus revenir sur les parties qui doivent être nues, comme la tête, le haut du cou, les cuisses, les flancs et le dessous des ailes[NdÉ 3] ; elles sont remplacées sur le reste du corps par des plumes alternativement blanches et noires, et quelquefois grises par le mélange de ces deux couleurs fondues ensemble ; les plus courtes sont sur la partie inférieure du cou, la seule qui en soit revêtue ; elles deviennent plus longues sur le ventre et sur le dos ; les plus longues de toutes sont à l’extrémité de la queue et des ailes, et ce sont les plus recherchées. M. Klein dit, d’après Albert, que les plumes du dos sont très noires dans les mâles, et brunes dans les femelles[3] : cependant MM. de l’Académie, qui ont disséqué huit autruches, dont cinq mâles et trois femelles, ont trouvé le plumage à peu près semblable dans les unes et les autres[4] ; mais on n’en a jamais vu qui eussent des plumes rouges, vertes, bleues et jaunes, comme Cardan

  1. Léon l’Africain, Description de l’Afrique, lib. ix.
  2. Kolbe, Description du Cap.
  3. Klein, Hist. Avium, p. 16. — Albert, apud Gesnerum de Avibus, p. 742.
  4. Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, partie ii, p. 113.
  1. L’autruche adulte pèse environ 75 à 80 kilogrammes. Le mâle atteint 2,60 m de haut et mesure environ 2 mètres depuis la pointe du bec jusqu’au bout de la queue.
  2. La durée de l’incubation est de six à sept semaines.
  3. Brehm décrit de la façon suivante des petites autruches d’un jour, recueillies dans le Soudan et qui lui furent apportées par des Arabes : « Ce sont de petites créatures très intéressantes, qui ressemblent plus à un hérisson qu’à un oiseau. Elles ont le corps couvert d’appendices cornés, comme les piquants des hérissons. Leurs allures sont celles des poussins ou des jeunes outardes. Elles courent avec agilité et cherchent elles-mêmes leur nourriture. À quinze jours, elles se montrèrent tellement indépendantes qu’elles paraissaient ne plus avoir besoin de leurs parents. Nous savons cependant que ceux-ci, du moins le père, leur donnent des soins très assidus. Déjà, pendant l’incubation, l’autruche veille sur ses œufs avec la plus grande sollicitude ; elle marche hardiment contre de faibles ennemis et a recours à mille ruses pour chercher à se débarrasser d’un adversaire trop fort. »