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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/301

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les dunes tous les matins avant le lever du soleil[1] : dans le fort de l’hiver et par les temps de neige elle mange l’écorce des arbres[2] ; en tout temps elle avale de petites pierres, même des pièces de métal comme l’autruche, et quelquefois en plus grande quantité. MM. de l’Académie, ayant ouvert le ventricule de l’une des six outardes qu’ils avaient observées, le trouvèrent rempli en partie de pierres, dont quelques-unes étaient de la grosseur d’une noix, et en partie de doubles, au nombre de quatre-vingt-dix, tous usés et polis dans les endroits exposés aux frottements, mais sans aucune apparence d’érosion[3].

Willughby a trouvé dans l’estomac de ces oiseaux, au temps de la moisson, trois ou quatre grains d’orge, avec une grande quantité de graine de ciguë[4], ce qui indique un appétit de préférence pour cette graine, et par conséquent le meilleur appât pour l’attirer dans les pièges.

Le foie est très grand ; la vésicule du fiel, le pancréas, le nombre des canaux pancréatiques, leurs insertions, ainsi que celle des conduits hépatiques et cystiques, sont sujets à quelque variation dans les différents sujets[5].

Les testicules ont la forme d’une petite amande blanche, d’une substance assez ferme ; le canal déférent va s’insérer à la partie inférieure de la poche du rectum, comme je l’ai dit plus haut, et l’on trouve au bord supérieur de l’anus un petit appendice qui tient lieu de verge.

M. Perrault ajoute à ces observations anatomiques la remarque suivante : c’est qu’entre tant de sujets qu’avaient disséqués MM. de l’Académie, il ne s’était pas rencontré une seule femelle ; mais nous avons dit à l’article de l’autruche ce que nous pensions de cette remarque.

Dans la saison des amours, le mâle va piaffant autour de la femelle et fait une espèce de roue avec sa queue[6][NdÉ 1].

Les œufs ne sont que de la grosseur de ceux d’une oie ; ils sont d’un brun olivâtre pâle, marqués de petites taches plus foncées, en quoi leur couleur a une analogie évidente avec celle du plumage.

Cet oiseau ne construit point de nid, mais il creuse seulement un trou en grattant la terre[7], et y dépose ses deux œufs qu’il couve pendant trente jours, comme font presque tous les gros oiseaux, selon Aristote[8]. Lorsque

  1. British Zoology, p. 88, et presque tous les autres naturalistes que j’ai cités dans cet article.
  2. Gesner, de Avibus, page 488.
  3. Animaux de Perrault, partie ii, page 107.
  4. Ornithologia, p. 129.
  5. Animaux de Perrault, page 105.
  6. Klein, Hist. Avium, p. 18. — Merula apud Gesn. de Avibus, p. 487.
  7. British Zoology, page 88.
  8. Hist. anim., lib. vi, cap. vi.
  1. L’outarde paraît être monogame, mais Naumann pense, qu’à l’exemple de la caille, le mâle peut prendre une seconde femelle pendant la première couvée des œufs.