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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/304

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Bretagne ; ils se répandent alors dans les terres semées de turnipes[NdÉ 1], et y font de très grands dégâts[1]. En France, on les voit passer régulièrement au printemps et en automne, mais par plus petites troupes, et elles ne se posent guère que sur les lieux les plus élevés. On a observé leur passage en Bourgogne, en Champagne et en Lorraine.

L’outarde se trouve dans la Libye, aux environs d’Alexandrie, selon Plutarque[2] ; dans la Syrie[3], dans la Grèce[4], en Espagne[5] ; en France, dans les plaines du Poitou et de la Champagne pouilleuse[6] ; dans les contrées ouvertes de l’est et du sud de la Grande-Bretagne, depuis la province de Dorset jusqu’à celle de Mercie et de la Lothiane en Écosse[7] ; dans les Pays-Bas, en Allemagne[8] ; en Ukraine et en Pologne, où, selon Rzaczynski, elle passe quelquefois l’hiver au milieu des neiges. Les auteurs de la Zoologie britannique assurent que ces oiseaux ne s’éloignent guère du pays qui les a vus naître, et que leurs plus grandes excursions ne vont pas au delà de vingt à trente milles[9] ; mais Aldrovande prétend que, sur la fin de l’automne, ils arrivent par troupes en Hollande et se tiennent par préférence dans les campagnes éloignées des villes et des lieux habités[10]. M. Linnæus dit qu’ils passent en Hollande et en Angleterre. Aristote parle aussi de leur migration[11] ; mais c’est un point qui demande à être éclairci par des observations plus exactes.

Aldrovande reproche à Gessner d’être tombé dans quelque contradiction à cet égard, sur ce qu’il dit que l’outarde s’en va avec les cailles[12], ayant dit plus haut qu’elle ne quittait point la Suisse, où elle est rare, et qu’on y en prenait quelquefois l’hiver[13] ; mais cela peut se concilier, ce me semble, en admettant la migration des outardes, et la resserrant dans des

  1. British Zoology, p. 88. — « Nec ullam pestem odere magis olitores, nam rapis ventrem fulcit, nec mediocri præda contentus esse solet. » Longolius apud Aldrov. Ornitholog., t. II, page 93.
  2. Si toutefois on n’a pas ici confondu l’otis avec l’otus, comme on a fait si souvent.
  3. Gesner, de Avibus, page 484.
  4. Pausanias in Phocicis.
  5. Plin., lib. x, cap. xxii. — « Hispania otides producit. » Strabon.
  6. Ornithologie de Salerne, page 153.
  7. British Zoology, p. 88. — Aldrov., Ornitholog., t. II, p. 92.
  8. Frisch l’appelle la plus grosse de toutes les poules sauvages naturelles à l’Allemagne ; cela ne prouve pas que l’outarde soit une poule, mais bien qu’elle se trouve en Allemagne.
  9. British Zoology, p. 88.
  10. Ornithologia, page 92.
  11. Hist. animal., lib. viii.
  12. Gesner, de Avibus, page 484. « Otidem de quâ scribo avolare puto cum coturnicibus, sed corporis gravitate impeditum, perseverare non posse, et in locis proximis remanere. »
  13. « Otis magna, si ea est quam vulgo Trappum vocant, non avolat, nisi fallor, ex nostris regionibus (etsi Helvetiæ rara est), et hieme etiam interdum capitur apud nos. » Gesner, ibidem.
  1. C’est le turneps des anglais ou rave (Brassica Rapa).