Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On prend les mâles au piège, en les attirant avec une femelle empaillée dont on imite le cri ; on les chasse aussi avec l’oiseau de proie ; mais, en général, ces oiseaux sont fort difficiles à approcher, étant toujours aux aguets sur quelque hauteur, dans les avoines, mais jamais, dit-on, dans les seigles et dans les blés : lorsque sur la fin de la belle saison ils se disposent à quitter le pays pour passer dans un autre, on les voit se rassembler par troupes ; et pour lors il n’y a plus de différence entre les jeunes et les vieux[1].

Ils se nourrissent, selon Belon[2], comme ceux de la grande espèce, c’est-à-dire d’herbes et de graines, et outre cela de fourmis, de scarabées et de petites mouches ; mais, selon M. Salerne, les insectes sont leur nourriture principale[NdÉ 1] : seulement ils mangent quelquefois au printemps les feuilles les plus tendres du laitron[3].

La petite outarde est moins répandue que la grande, et paraît confinée dans une zone beaucoup plus étroite. M. Linnæus dit qu’elle se trouve en Europe, et particulièrement en France[4] ; cela est un peu vague, car il y a des pays très considérables en Europe, et même de grandes provinces en France où elle est inconnue : on peut mettre les climats de la Suède et de la Pologne au nombre de ceux où elle ne se plaît point, car M. Linnæus lui-même n’en fait aucune mention dans sa Fauna suecica, ni le P. Rzaczynski dans son Histoire naturelle de Pologne ; et M. Klein n’en a vu qu’une seule à Dantzick, laquelle venait de la ménagerie du margrave de Bareith[5].

Il faut qu’elle ne soit pas non plus bien commune en Allemagne, puisque Frisch, qui s’attache à décrire et représenter les oiseaux de cette région, et qui parle assez au long de la grande outarde, ne dit pas un mot de celle-ci, et que Schwenckfeld ne la nomme seulement pas.

Gesner se contente de donner son nom dans la liste des oiseaux qu’il n’avait jamais vus, et il est bien prouvé qu’en effet il n’avait jamais vu celui-ci, puisqu’il lui suppose les pieds velus comme à l’attagas[6], ce qui donne lieu de croire qu’il est au moins fort rare en Suisse.

    tetrix (voyez ibidem, p. 136) ; et comme on a donné le nom de tetrax à la petite outarde, ou pourrait craindre qu’il n’y eût ici quelque méprise fondée sur une équivoque de nom, d’autant plus que M. Salerne est le seul naturaliste qui entre dans d’aussi grands détails sur la génération de la petite outarde sans citer ses garants.

  1. Voyez Salerne, Hist. nat. des oiseaux, p. 155.
  2. Belon, Hist. nat. des oiseaux, p. 237.
  3. Salerne, Hist. nat. des oiseaux, p. 155.
  4. Linnæus, Syst. nat., édit. X, p. 154.
  5. Klein, Ordo Avium, p. 18.
  6. Gesner, de Avium naturâ, p. 715 et 795.
  1. D’après Brehm, « la canepetière champêtre adulte a un régime à la fois animal et végétal ; cependant elle se nourrit principalement de vers, d’insectes, surtout de sauterelles, de larves, etc. Il est probable que les jeunes sont nourris exclusivement d’insectes. »