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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/313

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pointue, dirigée en arrière, et fort inclinée à l’horizon ; de sa base, elle jette en avant deux lignes noires, dont l’une, plus longue, passe sur l’œil et lui forme une espèce de sourcil ; l’autre, beaucoup plus courte, se dirige comme pour embrasser l’œil par-dessous, mais n’arrive point jusqu’à l’œil, lequel est noir et placé au milieu d’un espace blanc.

En regardant cette huppe de profil et d’un peu loin, on croirait voir des oreilles un peu couchées et qui se portent en arrière ; et comme l’outarde d’Arabie a été sans doute plus connue des Grecs que la nôtre, il est vraisemblable qu’ils l’ont nommée otis à cause de ces espèces d’oreilles, de même qu’ils ont nommé le duc otus ou otos à cause de deux aigrettes semblables qui le distinguent des chouettes.

Un individu de cette espèce, qui venait de Moka, dans l’Arabie Heureuse, a vécu plusieurs années à Londres dans les volières de M. Hans Sloane ; et M. Edwards, qui nous en a donné la figure coloriée, ne nous a conservé aucun détail sur ses mœurs, ses habitudes, ni même sur sa façon de se nourrir[1] ; mais du moins il n’aurait pas dû la confondre avec les gallinacés, dont elle diffère par des traits si frappants, ainsi que je l’ai fait voir à l’article de l’outarde.

II.L’OUTARDE D’AFRIQUE.

C’est celle dont M. Linnæus fait sa quatrième espèce[NdÉ 1] : elle diffère de l’outarde d’Arabie par les couleurs du plumage ; le noir y domine, mais le dos est cendré et les oreilles blanches.

Le mâle a le bec et les pieds jaunes, le sommet de la tête cendré, et le bord extérieur des ailes blanc ; mais la femelle est partout de couleur cendrée, à l’exception du ventre et des cuisses, qui sont noires, comme l’outarde des Indes[2].

Cet oiseau se trouve en Éthiopie, selon M. Linnæus, et il y a grande apparence que celui dont le voyageur Le Maire parle sous le nom d’autruche volante du Sénégal[3] n’est pas un oiseau différent ; car, quoique ce voyageur en dise peu de chose, ce peu s’accorde en partie, et ne disconvient en rien avec la description ci-dessus : selon lui, son plumage est gris et noir, sa chair délicieuse, et sa grosseur à peu près de celle du cygne ; mais cette conjecture tire une nouvelle force du témoignage de M. Adanson. Cet habile

  1. M. Edwards l’appelle Arabian Bustard, pl. xii. — M. Linnæus, Otis arabs, auribus erecto cristatis, Syst. nat., édit. X, gen. lxxv, spec. ii. — M. Klein, Tarda Mochaensis Arabica. Ordo Avium, p. 18, no 3. — Les Arabes lui donnent le nom de lohong, selon M. Edwards, nom qui ne se trouve point dans le texte anglais relatif à la planche xii, mais dans la traduction française, laquelle est avouée de l’auteur.
  2. Linnæus, Syst. nat., édit. X, p. 155.
  3. Voyage de Le Maire aux îles Canaries, cap Vert, Sénégal, etc. Paris, 1695, p. 106.
  1. Otis afra L. [Note de Wikisource : actuellement Afrotis afra Linnæus et Afrotis afraoides Smith, vulgairement outarde korhaan et outarde à miroir blanc respectivement, la seconde de ces deux espèces ayant longtemps été considérée comme une sous-espèce de la première].