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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/314

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naturaliste ayant tué au Sénégal et, par conséquent, examiné de près une de ces autruches volantes, nous assure qu’elle ressemble à bien des égards à notre outarde d’Europe, mais qu’elle en diffère par la couleur du plumage, qui est généralement d’un gris cendré, par son cou, qui est beaucoup plus long, et par une espèce de huppe qu’elle a derrière la tête[1].

Cette huppe est sans doute ce que M. Linnæus appelle les oreilles, et cette couleur gris cendré est précisément celle de la femelle ; et comme ce sont là les principaux traits par lesquels l’outarde d’Afrique de M. Linnæus et l’autruche volante du Sénégal diffèrent de notre outarde d’Europe, on peut en induire, ce me semble, que ces deux oiseaux se ressemblent beaucoup, et par la même raison on peut encore étendre à tous deux ce qui a été observé sur chacun en particulier ; par exemple, qu’ils ont à peu près la grosseur de notre outarde, et le cou plus long : cette longueur du cou, dont parle M. Adanson, est un trait de ressemblance avec l’outarde d’Arabie, qui habite à peu près le même climat ; et l’on ne peut tirer aucune conséquence contraire du silence de M. Linnæus, puisqu’il n’indique pas une seule dimension de son outarde d’Afrique. À l’égard de la grosseur, Le Maire fait celle de l’autruche volante égale à celle du cygne[2], et M. Adanson à celle de l’outarde d’Europe, puisque ayant dit qu’elle lui ressemblait à bien des égards, et ayant indiqué les principales différences il n’en établit aucune à cet égard[3] ; et comme d’ailleurs l’Éthiopie ou l’Abyssinie, qui est le pays de l’outarde d’Afrique, et le Sénégal, qui est celui de l’autruche volante, quoique fort éloignés en longitude, sont néanmoins du même climat, je vois beaucoup de probabilité à dire que ces deux oiseaux appartiennent à une seule et même espèce.

III.LE CHURGE OU L’OUTARDE MOYENNE DES INDES.

Cette outarde[NdÉ 1] est non seulement plus petite que celles d’Europe, d’Afrique et d’Arabie, mais elle est encore plus menue à proportion, et plus haut montée qu’aucune autre outarde : elle a vingt pouces de haut depuis le plan de position jusqu’au sommet de la tête ; son cou paraît plus court, relativement à la longueur de ses pieds ; du reste, elle a tous les caractères de l’outarde : trois doigts seulement à chaque pied, et ces doigts isolés ; le bas de la jambe sans plumes ; le bec un peu courbé, mais plus allongé ; et je ne vois point par quelles raisons M. Brisson l’a renvoyée au genre des pluviers.

  1. Voyage au Sénégal, par M. Adanson. Paris, 1757, in-4o, p. 160.
  2. Voyage de Le Maire aux îles Canaries, p. 72.
  3. Voyage au Sénégal, loco citato.
  1. Otis bengalensis Lath. L’outarde charge [Note de Wikisource : actuellement Houbaropsis bengalensis Gmelin, vulgairement outarde du Bengale].