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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/316

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IV.LE HOUBARA OU PETITE OUTARDE HUPPÉE D’AFRIQUE.

Nous avons vu que, parmi les grandes outardes, il y en avait de huppées, et d’autres qui ne l’étaient point, et nous allons retrouver la même différence entre les petites outardes ; car la nôtre n’a point de huppe, ni même de ces barbes de plumes qu’on voit à la grande outarde d’Europe, tandis que celles-ci ont non seulement des huppes, mais encore des fraises ; et il est à remarquer que c’est en Afrique que se trouvent toutes les huppées, soit de la grande, soit de la petite espèce.

Celle que les Barbaresques appellent houbaara[NdÉ 1] est, en effet, huppée et fraisée ; M. Shaw, qui en donne la figure[1], dit positivement qu’elle a la forme et le plumage de l’outarde, mais qu’elle est beaucoup plus petite, n’ayant guère que la grosseur d’un chapon ; et par cette raison seule, ce voyageur, d’ailleurs habile, mais qui, sans doute, ne connaissait point notre petite outarde de France, blâme Golius d’avoir traduit le mot houbaary par outarde.

Elle vit, comme la nôtre, de substances végétales et d’insectes, et elle se tient le plus communément sur les confins du désert.

Quoique M. Shaw ne lui donne point de huppe dans sa description, il lui en donne une dans la figure qui y est relative, et cette huppe paraît renversée en arrière et comme tombante ; sa fraise est formée par de longues plumes qui naissent du cou, et qui se relèvent un peu et se renflent, comme il arrive à notre coq domestique lorsqu’il est en colère.

C’est, dit M. Shaw, une chose curieuse de voir, quand elle se sent menacée par un oiseau de proie, de voir, dis-je, par combien d’allées et de venues, de tours et de détours, de marches et de contre-marches, en un mot, par combien de ruses et de souplesses elle cherche à échapper à son ennemi.

Ce savant voyageur ajoute qu’on regarde comme un excellent remède contre le mal des yeux, et que, par cette raison, l’on paie quelquefois très cher son fiel et une certaine matière qui se trouve dans son estomac.

V.LE RHAAD, AUTRE PETITE OUTARDE HUPPÉE D’AFRIQUE.

Le rhaad[NdÉ 2] est distingué de notre petite outarde de France par sa huppe, et du houbaara d’Afrique en ce qu’il n’a pas, comme lui, le cou orné d’une

  1. Travels or observations relating to several parts of Barbary and the Levant, by Thomas Shaw, p. 252.
  1. Otis Houbara Gmel. [Note de Wikisource : actuellement Chlamydotis undulata Jacquin, vulgairement outarde houbara].
  2. Otis Rhaad Lath. D’après Temminck, le rhaad ne serait qu’une simple variété d’âge ou de sexe de l’Otis Houbara. [Note de Wikisource : L’identification des deux espèces que Shaw a décrites sous le nom de rhaad n’est pas assurée.]