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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/330

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dans le corps glanduleux des testicules[NdÉ 1] ; mais on ignore si la double verge du coq ou seulement l’une des deux pénètre dans l’orifice de la femelle, et même s’il y a intromission réelle ou une compression forte ou un simple contact ; on ne sait pas encore quelle doit être précisément la condition d’un œuf pour qu’il puisse être fécondé, ni jusqu’à quelle distance l’action du mâle peut s’étendre ; en un mot, malgré le nombre infini d’expériences et d’observations que l’on a faites sur ce sujet, on ignore encore quelques-unes des principales circonstances de la fécondation.

Son premier effet connu est la dilatation de la cicatricule et la formation du poulet dans sa cavité, car c’est la cicatricule qui contient le véritable germe, et elle se trouve dans les œufs fécondés ou non, même dans ces prétendus œufs de coq dont j’ai parlé plus haut[1] ; mais elle est plus petite dans les œufs inféconds. Malpighi l’ayant examinée dans des œufs féconds nouvellement pondus, et avant qu’ils eussent été couvés, vit au centre de la cicatricule une bulle nageant dans une liqueur, et reconnut au milieu de cette bulle l’embryon du poulet bien formé, au lieu que la cicatricule des œufs inféconds et produits par la poule seule, sans communication avec le mâle, ne lui présenta qu’un petit globule informe muni d’appendices remplis d’un suc épais, quoique transparent et environné de plusieurs cercles con-

  1. M. de la Peyronnie a observé dans un de ces œufs une tache ronde, jaune, d’une ligne de diamètre, sans épaisseur, située sur la membrane qu’on trouve sous la coque : on peut croire que cette tache, qui devrait être blanche, n’était jaune ici que parce que le jaune de l’œuf s’était épanché de toutes parts, comme on l’a reconnu par la dissection de la poule, et si elle était située sur la membrane qu’on trouve sous la coque, c’est qu’après l’épanchement du jaune la membrane qui contenait ce jaune était restée adhérente à celle de la coque.

    dans quelques détails au sujet de l’organisation de l’œuf des oiseaux, en prenant celui de la poule pour exemple et en comparant cet œuf avec celui des mammifères. Comme ce dernier est beaucoup plus simple, rappelons d’abord sa constitution. Un œuf de mammifère, celui de la femme, par exemple, est une cellule simple, formée d’un protoplasma que l’on désigne sous le nom de vitellus, d’un noyau qui porte le nom de vésicule germinative et d’un nucléole ou tache germinative. Il est entouré d’une enveloppe très mince, la membrane vitelline. Après la fécondation, l’œuf tout entier se divise pour produire l’embryon.

    L’œuf de la poule, aussitôt après sa formation dans l’ovaire de cet oiseau, est tout à fait semblable à celui de la femme, et son volume est également très minime. Mais il ne tarde pas à absorber des matériaux nutritifs qui lui sont fournis par l’ovaire et augmente considérablement de taille, en même temps qu’il prend une coloration jaune caractéristique. Quand il a atteint son volume définitif, il se compose d’une masse arrondie, très volumineuse, jaune, que l’on nomme vitellus nutritif, et d’une portion blanche, formée de protoplasma, la cicatricule, qui a reçu le nom de vitellus germinatif. Ainsi que je l’ai dit plus haut, c’est sur la cicatricule seule que porte la fécondation ; c’est elle seule qui se divise pour produire l’embryon. La cicatricule de l’œuf de la poule représente donc, en réalité, l’œuf de la femme. Quant au vitellus, il est formé principalement de matières grasses et sert à la nutrition du jeune poulet tant que ce dernier est contenu dans la coquille de l’œuf. C’est grâce à l’abondance de cette provision alimentaire que l’oiseau peut atteindre, avant de sortir de l’œuf, le degré de développement que tout le monde connaît.

  1. Nous avons rencontré déjà plusieurs fois cette erreur. Nous ne nous lasserons pas de la combattre en répétant que les femelles des mammifères n’ont pas de testicules.