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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/346

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d’abord à le nommer, soit d’après sa ressemblance avec quelque oiseau de leur pays, soit d’après quelque autre analogie ; mais ce qui doit, ce me semble, faire préférer absolument la première opinion, c’est qu’elle est conforme à la loi du climat ; cette loi, quoiqu’elle ne puisse avoir lieu en général à l’égard des oiseaux, surtout à l’égard de ceux qui ont l’aile forte, et à qui toutes les contrées sont ouvertes, est néanmoins suivie nécessairement par ceux qui, comme la poule, étant pesants et ennemis de l’eau, ne peuvent ni traverser les airs comme les oiseaux qui ont le vol élevé, ni passer les mers ou même les grands fleuves comme les quadrupèdes qui savent nager, et sont par conséquent exclus pour jamais de tout pays séparé du leur par de grands amas d’eau, à moins que l’homme, qui va partout, ne s’avise de les transporter avec lui : ainsi le coq est un animal qui appartient en propre à l’ancien continent, et qu’il faut ajouter à la liste que j’ai donnée de tous les animaux qui n’existaient pas dans le Nouveau-Monde lorsqu’on en a fait la découverte.

À mesure que les poules se sont éloignées de leur pays natal, qu’elles se sont accoutumées à un autre climat, à d’autres aliments, elles ont dû éprouver quelque altération dans leur forme, ou plutôt dans celles de leurs parties qui en étaient le plus susceptibles ; et de là sans doute ces variétés qui constituent les différentes races dont je vais parler, variétés qui se perpétuent constamment dans chaque climat, soit par l’action continuée des mêmes causes qui les ont produites d’abord, soit par l’attention que l’on a d’assortir les individus destinés à la propagation.

Il serait bon de dresser pour le coq, comme je l’ai fait pour le chien, une espèce d’arbre généalogique de toutes ses races, dans lequel on verrait la souche primitive et ses différentes branches, qui représenteraient les divers ordres d’altérations et de changements relatifs à ses différents états ; mais il faudrait avoir pour cela des mémoires plus exacts, plus détaillés que ceux que l’on trouve dans la plupart des relations ; ainsi je me contenterai de donner ici mon opinion sur la poule de notre climat, et de rechercher son origine après avoir fait le dénombrement des races étrangères qui ont été décrites par les naturalistes, ou seulement indiquées par les voyageurs.

1o Le coq commun, le coq de notre climat.

2o Le coq huppé : il ne diffère du coq commun que par une touffe de plumes qui s’élève sur sa tête, et il a ordinairement la crête plus petite, vraisemblablement parce que la nourriture, au lieu d’être portée toute à la crête, est en partie employée à l’accroissement des plumes. Quelques voyageurs assurent que toutes les poules du Mexique sont huppées : ces poules, comme toutes les autres de l’Amérique, y ont été transportées par les hommes, et viennent originairement de l’ancien continent. Au reste, la race des poules huppées est celle que les curieux ont le plus cultivée ; et, comme il arrive à toutes les choses qu’on regarde de très près, ils y ont remarqué