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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/353

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diffère du coq commun que par la hauteur des plumes du sommet de la tête : d’autres par le nombre des doigts, tels que les poules et coqs à cinq doigts : d’autres enfin par la beauté et la singularité des couleurs, comme la poule de Turquie et celle de Hambourg. Or, de ces six variétés auxquelles nous pouvons réduire la race de nos poules communes, trois appartiennent, comme Bon voit, à l’influence du climat de Hambourg, de la Turquie et de l’Angleterre, et peut-être encore la quatrième et la cinquième, car la poule de Caux vient vraisemblablement d’Italie, puisqu’on l’appelle aussi poule de Padoue, et la poule à cinq doigts était connue en Italie dès le temps de Columelle. Ainsi il ne nous restera que le coq commun et le coq huppé, qu’on doive regarder comme les races naturelles de notre pays ; mais, dans ces deux races, les poules et les coqs sont également de toutes couleurs ; le caractère constant de la huppe paraît indiquer une espèce perfectionnée, c’est-à-dire plus soignée et mieux nourrie et, par conséquent, la race commune du coq et de la poule sans huppe doit être la vraie lige de nos poules ; et si l’on veut chercher dans cette race commune quelle est la couleur qu’on peut attribuer à la race primitive, il paraît que c’est la poule blanche[NdÉ 1] ; car, en supposant les poules originairement blanches, elles auront varié du blanc au noir, et pris successivement toutes les couleurs intermédiaires : un rapport très éloigné, et que personne n’a saisi, vient directement à l’appui de cette supposition, et semble indiquer que la poule blanche est en effet la première de son espèce, et que c’est d’elle que toutes les autres races sont issues ; ce rapport consiste dans la ressemblance qui se trouve assez généralement entre la couleur des œufs et celle du plumage ; les œufs du corbeau sont d’un vert brun taché de noir ; ceux de la cresserelle sont rouges ; ceux du casoar sont d’un vert noir ; ceux de la corneille noire sont d’un brun plus obscur encore que ceux du corbeau ; ceux du pic varié sont de même variés et tachetés ; la pie-grièche grise a ses œufs tachés de gris, et la pie-grièche rouge les a tachés de rouge ; le crapaud volant les a marbrés de taches bleuâtres et brunes, sur un fond nuageux blanchâtre ; l’œuf du moineau est cendré, tout couvert de taches brunes marron, sur un fond gris ; ceux du merle sont bleu noirâtre ; ceux de la poule de bruyère sont blanchâtres, marquetés de jaune ; ceux des peintades sont marqués, comme leurs plumes, de taches blanches et rondes, etc., en sorte qu’il paraît y avoir un rapport assez constant entre la couleur du plumage des oiseaux et la couleur de leurs œufs ; seulement on voit que les teintes en sont beaucoup plus faibles sur les œufs, et que le blanc domine dans plusieurs, parce que dans le plumage de plusieurs oiseaux il y a aussi plus de blanc que de toute autre couleur, surtout dans les femelles, dont les couleurs sont toujours moins fortes que

  1. Aucune espèce sauvage de Gallus n’est blanche. Les poules blanches ont dû être produites par sélection artificielle de poules domestiques.