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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/356

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    Les coqs domestiques présentent un grand nombre de races et de variétés, dans la description desquelles il est impossible que nous entrions ici. Nous nous bornerons à passer rapidement en revue les principales races.

    Race de Crèvecœur. On la croit d’origine picarde ou normande ; elle est très répandue dans l’ouest de la France. Le coq est remarquable par sa crête affectant la forme de deux cornes et par la présence d’une houppe de plumes qui retombent sur le derrière de la tête. Son plumage est d’habitude entièrement noir, mais il existe des variétés à plumage gris ou blanc. Cette race est très recommandable par le peu de volume du squelette, la rapidité du développement et de l’engraissement, la qualité de sa chair et par la facilité avec laquelle elle se croise à d’autres races pour donner de très bons produits.

    Race de Houdan. Elle tire son nom d’un chef-lieu de canton (Houdan) du département de Seine-et-Oise ; on suppose qu’elle a été obtenue par le croisement de la race Crèvecœur avec la race Dorking. Elle a, comme cette dernière race, cinq doigts, c’est-à-dire un de plus que toutes les autres races de coqs. La crête du coq affecte la forme de cornes disposées transversalement sur trois rangs. Le coq et la poule portent une houppe de plumes rejetées sur le derrière de la tête. Le plumage est papilloté, noir, blanc et jaune paille ; les ailes sont noires, vertes et blanches ; les plumes de la queue sont noires et d’un vert émeraude, bordé de blanc ; celles de la poitrine sont d’un brun noir, avec des taches noires et blanches aux extrémités.

    Cette race est fort bonne comme produits ; les petits se développent très vite ; les mâles s’engraissent sans être chaponnés ; les femelles donnent de très belles poulardes ; les pontes sont précoces, abondantes et prolongées, mais la poule est mauvaise couveuse.

    Race de la Flèche. D’abord élevée en grand, près du Mans, elle l’est surtout aujourd’hui aux environs de la Flèche. On pense généralement qu’elle descend de la race Bréda ou de la race espagnole. Elle est remarquable par son port élevé et la fierté de sa démarche. Le coq porte sur la tête un épi de plumes et, en avant, une crête transversale en forme de cornes, précédée d’un petit crétillon placé à la base du bec. Le plumage est noir, avec des reflets verts et violets. Cette race est surtout remarquable par le goût délicat de sa chair, mais son développement est lent ; il faut de neuf à onze mois à un poulet pour qu’il devienne apte à être mangé ; on tire avantage de ce fait ; les poulets passant l’hiver à s’engraisser, on les vend au début du printemps, c’est-à-dire à une époque où les volailles manquent.

    Race de Bréda ou Race à bec de Corneille. On la considère comme originaire de la Hollande. Le coq est remarquable par l’absence de crête véritable. Le plumage est noir avec des reflets métalliques. La chair de cette race est excellente.

    Race de Gueldre. Elle paraît n’être qu’une variété dite coucou de la précédente, c’est-à-dire que chaque plume est coupée par des bandes grises sur fond blanc.

    Race de Dorking. C’est une race anglaise très estimée. La forme est massive et robuste. Le coq porte une crête simple, haute, large, prolongée en arrière, dentée sur son bord supérieur. Son cou est très large et muni d’un beau camail, ordinairement coloré en jaune paille. Le plumage et très variable. Les pattes ont cinq doigts. La chair de cette race est excellente.

    Race espagnole. Originaire de l’Espagne, elle est répandue depuis longtemps en Angleterre ; elle n’est entrée en France que récemment. La crête est simple, très haute et très prolongée en arrière, dentée ; les barbillons se confondent avec des joues blanches et ridées qui donnent à la tête un aspect spécial ; le plumage est noir, avec des reflets métalliques. Cette race paraît fournir de très bons produits.

    Race cochinchinoise. Elle est originaire non de la Cochinchine comme son nom semble l’indiquer, mais de la Chine. Elle a été envoyée de Shangaï en France par l’amiral Cécile, en 1846. Elle est remarquable par son corps court, trapu, ramassé, la brièveté de ses ailes, ses cuisses et ses jambes courtes, mais très fortes. La couleur de son plumage est fauve clair avec des reflets dorés. Il en existe des variétés blanches et noires, rousses, etc. C’est une bonne race de production.