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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/358

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LE DINDON[1]


Si le coq ordinaire est l’oiseau le plus utile de la basse-cour, le dindon[NdÉ 1] domestique est le plus remarquable, soit par la grandeur de sa taille, soit par la forme de sa tête, soit par certaines habitudes naturelles qui ne lui sont communes qu’avec un petit nombre d’autres espèces : sa tête, qui est fort petite à proportion du corps, manque de la parure ordinaire aux oiseaux ; car elle est presque entièrement dénuée de plumes, et seulement recouverte, ainsi qu’une partie du cou, d’une peau bleuâtre, chargée de mamelons rouges dans la partie antérieure du cou, et de mamelons blanchâtres sur la partie postérieure de la tête, avec quelques petits poils noirs, clairsemés entre les mamelons, et de petites plumes plus rares au haut du cou, et qui deviennent plus fréquentes dans la partie inférieure, chose qui n’avait pas été remarquée par les naturalistes : de la base du bec descend sur le cou, jusqu’à environ le tiers de sa longueur, une espèce de barbillon charnu, rouge et flottant qui paraît simple aux yeux, quoiqu’il soit en effet composé d’une double membrane, ainsi qu’il est facile de s’en assurer en le touchant ; sur la base du bec supérieur s’élève une caroncule charnue, de forme conique, et sillonnée par des rides transversales assez profondes ; cette caroncule n’a guère plus d’un pouce de hauteur dans son état de contraction ou de repos, c’est-à-dire lorsque le dindon ne voyant autour de lui que les objets auxquels il est accoutumé, et n’éprouvant aucune agitation intérieure, se promène tranquillement en prenant sa pâture ; mais si quelque

  1. Comme cet oiseau n’est connu que depuis la découverte de l’Amérique, il n’a de nom ni en grec ni en latin. Les Espagnols lui donnèrent le nom de pavon de las Indias, c’est-à-dire paon des Indes occidentales ; et ce nom ne lui était pas mal appliqué d’abord, parce qu’il étend sa queue comme le paon, et qu’il n’y avait point de paons en Amérique. Les Catalans l’ont nommé indiot, gall-d’indi ; les Italiens, gallô-d’india ; les Allemands, indianisch han ; les Polonais, indiyk ; les Suédois, kalkon ; les Anglais, turkey.
  1. Meleagris Gallo-pavo, L. [Note de Wikisource : actuellement Meleagris gallopavo Linnæus]. — Les Meleagris sont des Gallinacés, de la famille des Pénélopidés. Cette famille comprend des Gallinacés de grande taille, à pattes hautes, à rémiges bien développées ; à queue longue et arrondie ; à tarses très longs, revêtus antérieurement de doubles rangées de scutelles et dépourvues d’ergot ; à doigt postérieur bien développé et articulé au même niveau que les trois antérieurs dont le médian dépasse les autres ; à course rapide ; à vol lourd, pesant ; à pénis exsertile. Les Meleagris se distinguent particulièrement par un bec court, bombé au-dessus ; par la présence de fanons membraneux au niveau de la gorge et à la base de la mâchoire supérieure ; par une queue large, que le mâle étale à volonté.