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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/360

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inférieure du cou au dindon mâle adulte dans la seconde année, quelquefois même dès la fin de la première ; et, avant que ce bouquet paraisse, l’endroit d’où il doit sortir est marqué par un tubercule charnu. M. Linnæus dit que ces crins ne commencent à paraître qu’à la troisième année dans les dindons qu’on élève en Suède : si ce fait est bien avéré, il s’ensuivrait que cette espèce de production se ferait d’autant plus tard que la température du pays est plus rigoureuse ; et, à la vérité, l’un des principaux effets du froid est de ralentir toute sorte de développements. C’est cette touffe de crins qui a valu au dindon le titre de barbu (pectore barbato[1]), expression impropre à tous égards, puisque ce n’est pas de la poitrine mais de la partie inférieure du cou que ces crins prennent naissance, et que d’ailleurs ce n’est pas assez d’avoir des crins ou des poils pour avoir une barbe, il faut encore qu’ils soient autour du menton ou de ce qui en tient lieu, comme dans le vautour barbu d’Edwards, planche cvi.

On se ferait une fausse idée de la queue du coq d’Inde, si l’on s’imaginait que toutes les plumes dont elle est formée fussent susceptibles de se relever en éventail. À proprement parler, le dindon a deux queues, l’une supérieure et l’autre inférieure ; la première est composée de dix-huit grandes plumes implantées autour du croupion, et que l’animal relève lorsqu’il piaffe, la seconde ou l’inférieure consiste en d’autres plumes moins grandes, et reste toujours dans la situation horizontale : c’est encore un attribut propre au mâle d’avoir un éperon à chaque pied ; ces éperons sont plus ou moins longs, mais ils sont toujours beaucoup plus courts et plus mous que dans le coq ordinaire.

La poule d’Inde diffère du coq non seulement en ce qu’elle n’a pas d’éperons aux pieds, ni de bouquet de crins dans la partie inférieure du cou ; en ce que la caroncule conique du bec supérieur est plus courte et incapable de s’allonger ; que cette caroncule, le barbillon de dessous le bec et la chair glanduleuse qui recouvre la tête sont d’un rouge plus pâle ; mais elle en diffère encore par les attributs propres au sexe le plus faible dans la plupart des espèces, elle est plus petite, elle a moins de caractère dans la physionomie, moins de ressort à l’intérieur, moins d’action au dehors, son cri n’est qu’un accent plaintif, elle n’a de mouvement que pour chercher sa nourriture ou pour fuir le danger ; enfin la faculté de faire la roue lui a été refusée : ce n’est pas qu’elle n’ait la queue double comme le mâle, mais elle manque apparemment des muscles releveurs propres à redresser les plus grandes plumes dont la queue supérieure est composée.

Dans le mâle, comme dans la femelle, les orifices des narines sont dans le

  1. Linn. {{lang|la|Faun. Suecica, et Systema nat., édit. X.