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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/361

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bec supérieur ; et ceux des oreilles sont en arrière des yeux, fort couverts et comme ombragés par une multitude de petites plumes décomposées qui ont différentes directions.

On comprend bien que le meilleur mâle sera celui qui aura plus de force, plus de vivacité, plus d’énergie dans toute son action : on pourra lui donner cinq ou six poules d’Inde. S’il y a plusieurs mâles ils se battront, mais non pas avec l’acharnement des coqs ordinaires : ceux-ci, ayant plus d’ardeur pour leurs femelles, sont aussi plus animés contre leurs rivaux, et la guerre qu’ils se font entre eux est ordinairement un combat à outrance ; on en a vu même attaquer des coqs d’Inde deux fois plus gros qu’eux, et les mettre à mort ; les sujets de guerre ne manquent pas entre les coqs des deux espèces, si, comme le dit Sperling, le coq d’Inde privé de ses femelles s’adresse aux poules ordinaires, et que les poules d’Inde, dans l’absence de leur mâle, s’offrent au coq ordinaire, et le sollicitent même assez vivement[1].

La guerre que les coqs d’Inde se font entre eux est beaucoup moins violente ; le vaincu ne cède pas toujours le champ de bataille, quelquefois même il est préféré par les femelles : on a remarqué qu’un dindon blanc ayant été battu par un dindon noir, presque tous les dindonneaux de la couvée furent blancs.

L’accouplement des dindons se fait à peu près de la même manière que celui des coqs, mais il dure plus longtemps ; et c’est peut-être par cette raison qu’il faut moins de femelles au mâle, et qu’il s’use beaucoup plus vite : j’ai dit plus haut, sur la foi de Sperling, qu’il se mêlait quelquefois avec les poules ordinaires ; le même auteur prétend que, quand il est privé de ses femelles, il s’accouple aussi, non seulement avec la femelle du paon (ce qui peut être), mais encore avec les canes (ce qui me paraît moins vraisemblable ).

La poule d’Inde n’est pas aussi féconde que la poule ordinaire : il faut lui donner de temps en temps du chènevis, de l’avoine, du sarrasin, pour l’exciter à pondre ; et avec cela elle ne fait guère qu’une seule ponte par an d’environ quinze œufs ; lorsqu’elle en fait deux, ce qui est très rare, elle commence la première sur la fin de l’hiver, et la seconde dans le mois d’août. Ces œufs sont blancs, avec quelques petites taches d’un jaune rougeâtre ; et du reste, ils sont organisés à peu près comme ceux de la poule ordinaire ; la poule d’Inde couve aussi les œufs de toutes sortes d’oiseaux : on juge qu’elle demande à couver lorsque, après avoir fait sa ponte, elle reste dans le nid ; pour que ce nid lui plaise il faut qu’il soit en lieu sec, à une bonne exposition selon la saison, et point trop en vue, car son instinct la porte ordinairement à se cacher avec grand soin lorsqu’elle couve.

Ce sont les poules de l’année précédente qui, d’ordinaire, sont les

  1. Zoologia Physica, p. 367.