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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/365

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La longueur du tube intestinal est à peu près quadruple de la longueur de l’animal, prise depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité du croupion ; ils ont deux cæcums, dirigés l’un et l’autre d’arrière en avant, et qui, pris ensemble, font plus du quart de tout le conduit intestinal ; ils prennent naissance assez près de l’extrémité de ce conduit, et les excréments contenus dans leur cavité ne diffèrent guère de ceux que renferme la cavité du colon et du rectum : ces excréments ne séjournent point dans le cloaque commun, comme l’urine et ce sédiment blanc qui se trouve plus ou moins abondamment partout où passe l’urine, et ils ont assez de consistance pour se mouler en sortant par l’anus.

Les parties de la génération se présentent dans les dindons à peu près comme dans les autres gallinacés ; mais, à l’égard de l’usage qu’ils en font, ils paraissent avoir beaucoup moins de puissance réelle, les mâles étant moins ardents pour leurs femelles, moins prompts dans l’acte de la fécondation, et leurs approches étant beaucoup plus rares ; et, d’autre côté, les femelles pondent plus tard et bien plus rarement, du moins dans nos climats.

Comme les yeux des oiseaux sont, dans quelques parties, organisés différemment de ceux de l’homme et des animaux quadrupèdes, je crois devoir indiquer ici ces principales différences : outre les deux paupières supérieure et inférieure, les dindons, ainsi que la plupart des autres oiseaux, en ont encore une troisième nommée paupière interne, membrana nictitans, qui se retire et se plisse en forme de croissant dans le grand coin de l’œil, et dont les cillements fréquents et rapides s’exécutent par une mécanique musculaire curieuse : la paupière supérieure est presque entièrement immobile, mais l’inférieure est capable de fermer l’œil en s’élevant vers la supérieure, ce qui n’arrive guère que lorsque l’animal dort ou lorsqu’il ne vit plus. Ces deux paupières ont chacune un point lacrymal, et n’ont pas de rebords cartilagineux ; la cornée transparente est environnée d’un cercle osseux, composé de quinze pièces, plus ou moins, posées l’une sur l’autre en recouvrement comme les tuiles ou les ardoises d’un couvert ; le cristallin est plus dur que celui de l’homme, mais moins dur que celui des quadrupèdes et des poissons[1], et sa plus grande courbure est en arrière[2] ; enfin il sort du nerf optique, entre la rétine et la choroïde, une membrane noire de figure rhomboïde et composée de fibres parallèles, laquelle traverse l’humeur vitrée, et va s’attacher quelquefois immédiatement par son angle antérieur, quelquefois par un filet qui part de cet angle, à la capsule du cristallin ; c’est à cette membrane subtile et transparente que MM. les anatomistes de l’Académie des Sciences ont donné le nom de bourse[NdÉ 1], quoiqu’elle n’en ait guère la

  1. Mémoires de l’Académie royale des sciences, année 1726, p. 83.
  2. Ibidem, année 1730, p. 10.
  1. C’est le peigne, dont nous avons parlé plus haut.