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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/387

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LE TÉTRAS OU GRAND COQ DE BRUYÈRE


Si l’on ne jugeait des choses que par les noms, on pourrait prendre cet oiseau[NdÉ 1] ou pour un coq sauvage ou pour un faisan ; car on lui donne en plusieurs pays, et surtout en Italie, le nom de coq sauvage, gallo alpestre[1], selvatico ; tandis qu’en d’autres pays on lui donne celui de faisan bruyant et de faisan sauvage : cependant il diffère du faisan par sa queue qui est une fois plus courte à proportion et d’une tout autre forme ; par le nombre des grandes plumes qui la composent, par l’étendue de son vol, relativement à ses autres dimensions, par ses pieds pattus et dénués d’éperons, etc. D’ailleurs, quoique ces deux espèces d’oiseaux se plaisent également dans les bois, on ne les rencontre presque jamais dans les mêmes lieux, parce que le faisan, qui craint le froid, se tient dans les bois en plaines, au lieu que le coq de bruyère cherche le froid et habite les bois qui couronnent le sommet des hautes montagnes, d’où lui sont venus les noms de coq de montagne et de coq de bois.

Ceux qui, à l’exemple de Gesner et de quelques autres, voudraient le regarder comme un coq sauvage, pourraient, à la vérité, se fonder sur quelques analogies ; car il y a en effet plusieurs traits de ressemblance avec le coq ordinaire, soit dans la forme totale du corps, soit dans la configuration particulière du bec, soit par cette peau rouge plus ou moins saillante dont les yeux sont surmontés, soit par la singularité de ses plumes qui sont presque toutes doubles, et sortent deux à deux de chaque tuyau, ce qui, suivant Belon, est propre aux coqs de nos basses-cours[2]. Enfin, ces oiseaux

  1. Albin décrit le mâle et la femelle sous le nom de coq et poule noire des montagnes de Moscovie ; plusieurs auteurs l’appellent Gallus silvestris.
  2. Belon, Nature des oiseaux, p. 251.
  1. Tetrao urogallus L. [Note de Wikisource : actuellement Tetrao urogallus Linnæus, vulgairement grand tétras]. — Les Tetrao sont des Gallinacés de la famille des Tétraonidés et de la sous-famille des Tétraoniens. Ils ont, comme tous les Tétraonidés, le corps ramassé, le cou court, la tête petite, couverte de plumes, dépourvue de crête, présentant tout au plus une bande nue au-dessus des yeux ; un bec court, gros, fort ; des pattes courtes, couvertes de plumes jusqu’au niveau des doigts ; le doigt postérieur rudimentaire et placé très haut, parfois même tout à fait nul, l’absence à peu près complète d’ergot ; la queue courte. Dans les Tetrao, le bec est très bombé et recourbé, élargi à la base ; les fossettes nasales sont remplies de petites plumes ; les yeux sont surmontés d’une bande calleuse, rouge ; les tarses sont emplumés ; les doigts sont garnis de scutelles cornées et de plumes.