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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/421

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Présentement, si l’on compare ce que les modernes ont dit de notre attagas avec ce que les anciens en avaient remarqué, on s’apercevra que les premiers ont été plus exacts à tout dire ; mais en même temps on reconnaîtra que les principaux caractères avaient été très bien indiqués par les anciens ; et l’on conclura de la conformité de ces caractères que l’attagen des anciens et notre attagas sont un seul et même oiseau.

Au reste, quelque peine que j’aie prise pour démêler les propriétés qui ont été attribuées pêle-mêle aux différentes espèces d’oiseaux auxquelles on a donné le nom de francolin et pour ne donner à notre attagas que celles qui lui convenaient réellement, je dois avouer que je ne suis pas sûr d’avoir toujours également réussi à débrouiller ce chaos ; et mon incertitude à cet égard ne vient que de la licence que se sont donnée plusieurs naturalistes d’appliquer un même nom à des espèces différentes, et plusieurs noms à la même espèce ; licence tout à fait déraisonnable et contre laquelle on ne peut trop s’élever, puisqu’elle ne tend qu’à obscurcir les matières et à préparer des tortures infinies à quiconque voudra lier ses propres connaissances et celles de son siècle avec les découvertes des siècles précédents.


L’ATTAGAS BLANC

Cet oiseau[NdÉ 1] se trouve sur les montagnes de Suisse et sur celles qui sont autour de Vicence : je n’ai rien à ajouter à ce que j’en ai dit dans l’histoire de l’attagas ordinaire, sinon que l’oiseau dont Gesner a fait la seconde espèce de lagopus[1] me semble être un de ces attagas blancs, quoique dans son plumage le blanc ne soit pur que sur le ventre et sur les ailes, et qu’il soit mêlé plus ou moins de brun et de noir sur le reste du corps ; mais nous avons vu ci-dessus que, parmi les attagas, les mâles avaient moins de blanc que les femelles ; de plus, on sait que la couleur des jeunes oiseaux, et surtout des oiseaux de ce genre, ne prend guère sa consistance qu’après la première année ; et comme, d’ailleurs, tout le reste de la description de Gesner semble fait pour caractériser un attagas : sourcils rouges, nus, arrondis et saillants, pieds velus jusqu’aux ongles, mais non par-dessous, bec court et noir, queue courte aussi, habitation sur les montagnes de Suisse,  etc., je pense que l’oiseau décrit par Gesner était un attagas blanc, et que c’était un mâle encore jeune qui n’avait pas pris tout son accroissement, d’autant qu’il ne pesait que quatorze onces au lieu de dix-neuf, qui est le poids des attagas ordinaires.

  1. Gesner, Alterum Lagopodis genus. De Avibus, p. 579.
  1. Cet oiseau paraît n’être qu’une variété du Lagopède.