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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/508

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LA PERDRIX ROUGE D’EUROPE

Cette perdrix[NdÉ 1] tient le milieu pour la grosseur entre la bartavelle et la perdrix grise : elle n’est pas aussi répandue que cette dernière, et tout climat ne lui est pas bon. On la trouve dans la plupart des pays montagneux et tempérés de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, mais elle est rare dans les Pays-Bas[1], dans plusieurs parties de l’Allemagne et de la Bohême, où l’on a tenté inutilement de la multiplier, quoique les faisans y eussent bien réussi[2]. On n’en voit point du tout en Angleterre[3] ni dans certaines îles des environs de Lemnos[4], tandis qu’une seule paire, portée dans la petite île d’Anaphe (aujourd’hui Nanfio), y pullula tellement, que les habitants furent sur le point de leur céder la place[5] ; ce séjour leur est si favorable que, encore aujourd’hui, l’on est obligé d’y détruire leurs œufs par milliers vers les fêtes de Pâques, de peur que les perdrix qui en viendraient ne détruisissent entièrement les moissons ; et ces œufs, accommodés à toutes sauces, nourrissent les insulaires pendant plusieurs jours[6].

Les perdrix rouges se tiennent sur les montagnes qui produisent beaucoup de bruyères et de broussailles, et quelquefois sur les mêmes montagnes où se trouvent certaines gelinottes, mal à propos appelées perdrix blanches, mais dans des parties moins élevées, et par conséquent moins froides et

  1. Voyez Aldrovande, Ornithologia, t. II, p. 110.
  2. Idem, ibidem, p. 106.
  3. Voyez Ray, Synopsis Avium, p. 57. — Histoire naturelle des oiseaux d’Edwards, pl. LXX.
  4. Anton. Liberalis apud Aldrov., t. II, p. 110.
  5. Athénée, Deipnosoph., lib. ix.
  6. Voyez Tournefort, Voyages du Levant, t. Ier, p. 275.
  1. Perdix rubra Temm. [Note de Wikisource : actuellement Alectoris rufa Linnæus, vulgairement perdrix rouge]. — Cette espèce n’habite actuellement que le sud-ouest de l’Europe et une partie de l’Afrique. Elle est commune dans le Midi de la France, en Espagne, en Portugal et en Barbarie ; elle a été introduite, il y a une centaine d’années, en Angleterre, où elle est aujourd’hui assez nombreuse dans les comtés de l’Ouest.

    La coloration de la Perdrix rouge d’Europe est d’un rouge plus vif que celle de la Perdrix grecque ; son collier est plus large. « La teinte rouge gris de la partie supérieure du corps est principalement prononcée à l’occiput et à la nuque, où elle devient presque rouge roux : le sommet de la tête est gris, la poitrine et le haut du ventre sont d’un gris cendré brunâtre ; le bas-ventre et les rectrices inférieures de la queue sont jaune sale ; les plumes des flancs, d’un gris cendré clair, sont coupées par des raies transversales d’un blanc roux, d’un brun châtain, limitées par des lisérés noir foncé. Une bande blanche part du front et se prolonge vers la région sourcilière. La gorge, entourée par le collier qui la délimite nettement, est d’un blanc net et brillant. L’œil est brun clair, entouré d’un cercle rouge vermillon ; le bec est rouge de sang, les pattes sont rouge carmin pâle. Cet oiseau a 29 centimètres de long et 55 centimètres d’envergure ; la longueur de l’aile est de 16 centimètres, celle de la queue de 12. La femelle est plus petite que le mâle ; la partie postérieure de ses tarses est dépourvue du tubercule corné qui, chez le mâle, tient lieu d’ergot. » (Brehm.)