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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/511

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de liberté qu’il est possible : sous ce point de vue, la société de la perdrix apprivoisée avec l’homme qui sait s’en faire obéir est du genre le plus intéressant et le plus noble ; elle n’est fondée ni sur le besoin, ni sur l’intérêt, ni sur une douceur stupide, mais sur la sympathie, le goût réciproque, le choix volontaire ; il faut même, pour bien réussir, qu’elle soit absolument volontaire et libre. La perdrix ne s’attache à l’homme, ne se soumet à ses volontés qu’autant que l’homme lui laisse perpétuellement le pouvoir de le quitter ; et, lorsqu’on veut lui imposer une loi trop dure, une contrainte au delà de ce qu’exige toute société ; en un mot, lorsqu’on veut la réduire à l’esclavage domestique, son naturel si doux se révolte, et le regret profond de sa liberté étouffe en elle les plus forts penchants de la nature : celui de se conserver ; on l’a vue souvent se tourmenter dans sa prison jusqu’à se casser la tête et mourir : celui de se reproduire ; elle y montre une répugnance invincible, et si quelquefois on la vit, cédant à l’ardeur du tempérament et à l’influence de la saison, s’accoupler et pondre en cage, jamais on ne l’a vue s’occuper efficacement, dans la volière la plus commode et la plus spacieuse, à perpétuer une race esclave.

LA PERDRIX ROUGE BLANCHE[1]

Dans la race de la perdrix rouge, la blancheur du plumage est, comme dans la race de la perdrix grise, un effet accidentel de quelque cause particulière, et qui prouve l’analogie des deux races : cette blancheur n’est cependant point universelle, car la tête conserve ordinairement sa couleur ; le bec et les pieds restent rouges, et comme d’ailleurs on la trouve ordinairement avec les perdrix rouges, on est fondé à la regarder comme une variété individuelle de cette race de perdrix.


LE FRANCOLIN

Ce nom de francolin[NdÉ 1] est encore un de ceux qui ont été appliqués à des oiseaux fort différents : nous avons déjà vu ci-dessus qu’il avait été donné à

  1. Voyez Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 238.
  1. D’après Cuvier, le nom de Francolin vient du mot italien Francolino « qui désigne la défense faite de tuer l’oiseau qui le porte », et il est par suite donné, en Italie, « à plusieurs espèces réputées bons gibiers, telles que la Gelinotte et cet oiseau-ci ».

    Le Francolin décrit ici par Buffon est le Perdix Francolinus L. (Francolinus vulgaris Steph.) [Note de Wikisource : actuellement Francolinus francolinus Linnæus, vulgairement francolin noir], oiseau de la sous-famille des Perdiciens. Les Francolins se distinguent des Perdrix véritables par un bec plus long, une queue plus longue, des pattes plus hautes, armées d’un ou parfois de deux ergots, un plumage plus épais et souvent très bigarré.