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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/512

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l’attagas ; et il paraît, par un passage de Gesner, que l’oiseau connu à Venise sous le nom de francolin est une espèce de gelinotte (hazel-huhn[1]).

Le francolin de Naples est plus gros qu’une poule ordinaire ; et, à vrai dire, la longueur de ses pieds, de son bec et de son cou, ne permettent point d’en faire ni une gelinotte ni un francolin[2].

Tout ce qu’on dit du francolin de Ferrare, c’est qu’il a les pieds rouges et vit de poissons[3] : l’oiseau du Spitzberg auquel on a donné le nom de francolin s’appelle aussi coureur de rivage, parce qu’il ne s’éloigne jamais beaucoup de la côte où il trouve la nourriture qui lui convient, savoir, des vers gris et des chevrettes, mais il n’est pas plus gros qu’une alouette[4]. Le francolin dont Olina donne la description et la figure[5] est celui dont il s’agit ici : celui de M. Edwards en diffère en quelques points[6], et paraît être exactement le même oiseau que le francolin de M. de Tournefort[7], qui se rapproche aussi de celui de Ferrare, en ce qu’il se plaît sur les côtes de la mer et dans les lieux marécageux.

Enfin le nôtre paraît différer de ces trois derniers, et même de celui de M. Brisson[8], soit par la couleur du plumage et même du bec, soit par les dimensions et le port de la queue, qui est plus longue dans la figure de M. Brisson, plus épanouie dans la nôtre, et tombante dans celles de M. Edwards et d’Olina ; mais, malgré cela, je crois que le francolin d’Olina, celui de M. Tournefort, celui d’Edwards, celui de M. Brisson et le mien sont tous de la même espèce, attendu qu’ils ont beaucoup de choses communes, et que les petites différences qu’on a observées entre eux ne sont pas assez caractérisées pour constituer des espèces diverses, et peuvent d’ailleurs être relatives à l’âge, au sexe, au climat, ou à d’autres causes particulières.

Il est certain que le francolin a beaucoup de rapports avec la perdrix, et c’est ce qui a porté Olina, Linnæus et Brisson, à les ranger parmi les perdrix. Pour moi, après avoir examiné de près et comparé ces deux sortes d’oiseaux, j’ai cru avoir observé entre eux assez de différences pour les séparer ; en effet, le francolin diffère des perdrix non seulement par les couleurs du plumage, par la forme totale, par le port de la queue et par son cri,

  1. « Est autem (francolinus) eadem Germanorum hazel-huhn, ut ex icone francolini Venetiis dicti, quam doctissimus medicus Aloysius Mundella ad me misit, citra ullam dubitationem cognovi. » Gesner, de Avibus, p. 225.
  2. Gesner, ibidem.
  3. « Alii alium quemdam francolinum faciunt, cruribus rubris, piscibus viventem, Ferrariæ, ut audio, notum. » Gesner, ibidem.
  4. Voyages de M. l’abbé Prévost, t. XV, p. 276.
  5. Olina, p. 33.
  6. Edwards, planche ccxlvi.
  7. Tournefort, t. Ier, p. 412 ; et t. II. p. 103.
  8. Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 245.