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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/528

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terre, pondent rarement plus de six ou sept œufs[1] : si ce fait est général et constant, il faut en conclure qu’elles y sont moins fécondes qu’en France, en Italie, etc. ; reste à observer si cette moindre fécondité tient à la température plus froide, ou à quelque autre qualité du climat.

Les cailleteaux sont en état de courir presque en sortant de la coque, ainsi que les perdreaux ; mais ils sont plus robustes à quelques égards, puisque dans l’état de liberté ils quittent la mère beaucoup plus tôt, et que même, dès le huitième jour, on peut entreprendre de les élever sans son secours. Cela a donné lieu à quelques personnes de croire que les cailles faisaient deux couvées par été[2] ; mais j’en doute fort, si ce n’est peut-être celles qui ont été troublées et dérangées dans leur première ponte : il n’est pas même avéré qu’elles en recommencent une autre lorsqu’elles sont arrivées en Afrique au mois de septembre, quoique cela soit beaucoup plus vraisemblable, puisque, au moyen de leurs migrations régulières, elles ignorent l’automne et l’hiver et que l’année n’est composée pour elles que de deux printemps et de deux étés, comme si elles ne changeaient de climat que pour se trouver perpétuellement dans la saison de l’amour et de la fécondité.

Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’elles quittent leurs plumes deux fois par an, à la fin de l’hiver et à la fin de l’été : chaque mue dure un mois, et, lorsque leurs plumes sont revenues, elles s’en servent aussitôt pour changer de climat si elles sont libres, et si elles sont en cage, c’est le temps où se marquent ces inquiétudes périodiques qui répondent aux temps du passage.

Il ne faut aux cailleteaux que quatre mois pour prendre leur accroissement et se trouver en état de suivre leurs pères et mères dans leurs voyages.

La femelle diffère du mâle en ce qu’elle est un peu plus grosse, selon Aldrovande (d’autres la font égale, et d’autres plus petite), qu’elle a la poitrine blanchâtre, parsemée de taches noires et presque rondes, tandis que le mâle l’a roussâtre, sans mélange d’autres couleurs : il a aussi le bec noir, ainsi que la gorge et quelques poils autour de la base du bec supérieur[3] ; enfin on a remarqué qu’il avait les testicules très gros relativement au volume de son corps[4] ; mais cette observation a sans doute été faite dans la saison de l’amour, temps où, en général, les testicules des oiseaux grossissent considérablement.

Le mâle et la femelle ont chacun deux cris, l’un plus éclatant et plus fort, l’autre plus faible : le mâle fait ouan, ouan, ouan, ouan ; il ne donne sa

  1. Voyez British Zoology, p. 87.
  2. Aldrovande, Ornithologia, t. II, p. 159, prétend que les cailles de l’année se mettent à pondre dès le mois d’août, et que cette première couvée est de dix œufs au moins.
  3. Voyez Aldrovande, Ornithologia, t. II, p. 154. — Quelques naturalistes ont pris le mâle pour la femelle ; j’ai suivi dans cette occasion l’avis des chasseurs, et surtout de ceux qui en chassant savent observer.
  4. Willughby, Ornithologia, p. 121.