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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/550

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12o Le pigeon grosse-gorge maurin, d’un beau noir velouté avec les dix plumes de l’aile blanches comme dans le grosse-gorge marron ; ils ont tous deux la bavette ou le mouchoir blanc sous le cou, et dans ces dernières races de grosses-gorges d’origine pure, c’est-à-dire de couleur uniforme, les dix pennes sont toutes blanches jusqu’à la moitié de l’aile, et on peut regarder ce caractère comme général ;

13o Le pigeon grosse-gorge ardoisé, avec le vol blanc et la cravate blanche ; la femelle est semblable au mâle. Voilà les races principales de pigeons à grosse gorge : mais il y en a encore plusieurs autres moins belles, comme les rouges, les olives, les couleurs de nuit, etc.

Tous les pigeons, en général, ont plus ou moins la faculté d’enfler leur jabot en inspirant l’air : on peut de même le faire enfler en soufflant de l’air dans leur gosier ; mais cette race de pigeons grosse-gorge ont cette même faculté d’enfler leur jabot si supérieurement qu’elle doit dépendre d’une conformation particulière dans les organes ; ce jabot presque aussi gros que tout le reste de leur corps, et qu’ils tiennent continuellement enflé, les oblige à retirer leur tête, et les empêche de voir devant eux : aussi, pendant qu’ils se rengorgent, l’oiseau de proie les saisit sans qu’ils l’aperçoivent ; on les élève donc plutôt par curiosité que pour l’utilité.

Une autre race est celle des pigeons mondains : c’est la plus commune et en même temps la plus estimée à cause de sa grande fécondité.

Le mondain est à peu près d’une moitié plus fort que le biset ; la femelle ressemble assez au mâle : ils produisent presque tous les mois de l’année, pourvu qu’ils soient en petit nombre dans la même volière, et il leur faut au moins à chacun trois ou quatre paniers ou plutôt des trous un peu profonds formés comme des cases, avec des planches, afin qu’ils ne se voient pas lorsqu’ils couvent ; car chacun de ces pigeons défend non seulement son panier et se bat contre les autres qui veulent en approcher, mais même il se bat aussi pour tous les paniers qui sont de son côté.

Par exemple, il ne faut que huit paires de ces pigeons mondains dans un espace carré de huit pieds de côté ; et les personnes qui en ont élevé assurent qu’avec six paires on pourrait avoir tout autant de produit : plus on augmente leur nombre dans un espace donné, plus il y a de combats, de tapage et d’œufs cassés. Il y a dans cette race assez souvent des mâles stériles et aussi des femelles infécondes qui ne pondent pas.

Ils sont en état de produire à huit ou neuf mois d’âge, mais ils ne sont en pleine ponte qu’à la troisième année : cette pleine ponte dure jusqu’à six ou sept ans, après quoi le nombre des pontes diminue, quoiqu’il y en ait qui pondent encore à l’âge de douze ans. La ponte des deux œufs se fait quelquefois en vingt-quatre heures, et dans l’hiver en deux jours, en sorte qu’il y a un intervalle de temps différent suivant la saison entre la ponte de chaque œuf. La femelle tient chaud son premier œuf sans néanmoins le