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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/556

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volant, comme un corps qu’on jetterait en l’air, et c’est par cette raison qu’on l’a nommé pigeon culbutant ; il semble que tous ses mouvements supposent des vertiges qui, comme je l’ai dit, peuvent être attribues à la captivité. Il vole très vite, s’élève le plus haut de tous, et ses mouvements sont très précipités et fort irréguliers. Frisch dit que, comme par ses mouvements il imite en quelque façon les gestes et les sauts des danseurs de corde et des voltigeurs, on lui a donné le nom de pigeon pantomime, columba gestuosa. Au reste, sa forme est assez semblable à celle du biset, et l’on s’en sert ordinairement pour attirer les pigeons des autres colombiers, parce qu’il vole plus haut, plus loin et plus longtemps que les autres, et échappe plus aisément à l’oiseau de proie.

Il en est de même du pigeon tournant[NdÉ 1], que M. Brisson[1], d’après Willughby, a appelé le pigeon batteur. Il tourne en rond lorsqu’il vole, et bat si fortement des ailes, qu’il fait autant de bruit qu’une claquette, et souvent il se rompt quelques plumes de l’aile par la violence de ce mouvement, qui semble tenir de la convulsion : ces pigeons tournants ou batteurs sont communément gris, avec des taches noires sur les ailes.

Je ne dirai qu’un mot de quelques autres variétés équivoques ou secondaires dont les nomenclateurs ont fait mention, et qui ressortissent sans doute aux races que nous venons d’indiquer, mais qu’on aurait quelque peine à y rapporter directement et sûrement, d’après les descriptions de ces auteurs ; tels sont, par exemple : 1o le pigeon de Norvège, indiqué par Schwenckfeld[2], qui est blanc comme neige, et qui pourrait bien être un pigeon pattu huppé plus gros que les autres ;

2o Le pigeon de Crète, suivant Aldrovande[3], ou de Barbarie, selon Willughby[4], qui a le bec très court et les yeux entourés d’une large bande de peau nue, le plumage bleuâtre et marqué de deux taches noirâtres sur chaque aile ;

3o Le pigeon frisé de Schwenckfeld[5] et d’Aldrovande[6], qui est tout blanc et frisé sur tout le corps ;

4o Le pigeon messager de Willughby[7], qui ressemble beaucoup au pigeon turc, tant par son plumage brun que par ses yeux, entourés d’une peau nue, et ses narines couvertes d’une membrane épaisse : on s’est, dit-

  1. « Columba percussor. » Willughby, Ornithol., p. 132, no 9. — Le pigeon batteur. Brisson, Ornithol., t. Ier, p. 79.
  2. Schwenckfeld, Theriot. Sil., p. 239.
  3. Aldrovande, Avi., t. II, p. 478.
  4. « Columba barbarica seu numidica. » Willughhy, Ornithol., p. 132, no 8, pl. xxxiv, sous la dénomination de columba numidica seu cypria.
  5. « Columba crispa. » Schwenckfeld, Theriot. Sil., p. 239.
  6. « Columba crispis pennis. » Aldrovande, Avi., t. II, p. 470, avec une figure.
  7. « Columba tabellaria. » Willughby, Ornithol., p. 132, no 5, avec une figure, pl. xxxiv.
  1. Columba percussor [Note de Wikisource : les races actuellement ne portent plus de nom latin].