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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/561

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de notre pigeon : il y a même toute apparence que le dernier n’est que la femelle du premier, et qu’ils tirent leur origine de nos pigeons fuyards. On les appelle improprement perdrix à la Martinique, où il n’y a point de vraies perdrix, mais ce sont des pigeons qui ne ressemblent à la perdrix que par la couleur du plumage, et qui ne diffèrent pas assez de nos pigeons pour qu’on doive leur donner un autre nom ; et comme l’un nous est venu de Cayenne et l’autre de la Martinique, on peut en inférer que l’espèce est répandue dans tous les climats chauds du nouveau continent.

Le pigeon décrit et dessiné par M. Edwards (pl. clxxvi), sous la dénomination de pigeon brun des Indes orientales, est de la même grosseur que notre pigeon biset ; et comme il n’en diffère que par les couleurs, on peut le regarder comme une variété produite par l’influence du climat. Il est remarquable en ce que ses yeux sont entourés d’une peau d’un beau bleu, dénuée de plumes, et qu’il relève souvent et subitement sa queue, sans cependant l’étaler comme le pigeon-paon.

Il en est de même du pigeon d’Amérique, donné par Catesby[1] sous le nom de pigeon de passage[NdÉ 1], et par Frisch sous celui de columba Americana[2], qui ne diffère de nos pigeons fuyards, et devenus sauvages, que par les couleurs et par les plumes de la queue qu’il a plus longues, ce qui semble le rapprocher de la tourterelle ; mais ces différences ne nous paraissent pas suffisantes pour en faire une espèce distincte et séparée de celle de nos pigeons.

Il en est encore de même du pigeon indiqué par Ray[3], appelé par les Anglais pigeon-perroquet, décrit ensuite par M. Brisson[4], et que nous avons fait représenter[NdÉ 2] sous la dénomination de pigeon vert des Philippines[NdÉ 3] : comme il est de la même grandeur que notre pigeon sauvage ou fuyard, et qu’il n’en diffère que par la force des couleurs, ce qu’on peut attribuer au climat chaud, nous ne le regarderons que comme un variété dans l’espèce de notre pigeon.

Il s’est trouvé dans le Cabinet du Roi un oiseau sous le nom de pigeon vert d’Amboine[NdÉ 4], qui n’est pas celui que M. Brisson a donné sous ce nom[5], et que nous avons fait représenter : cet oiseau est d’une race très

  1. Catesby, Hist. nat. de la Caroline, t. Ier, planche xxiii, avec une figure coloriée.
  2. Frisch, planche cxlii, avec une figure coloriée.
  3. « Columba Maderas-patana variis coloribus eleganter depicta. » Ray, Syn. Avi., p. 196, no 15.
  4. Le pigeon vert des Philippines. Brisson, Ornitholog., t. Ier, p. 143, avec une figure, planche xi, fig. 2.
  5. Brisson, Ornithologie, t. Ier, p. 145.
  1. Columba migratoria L. [Note de Wikisource : actuellement Ectopistes migratorius Linnæus, vulgairement tourte voyageuse].
  2. No 138 des Planches enluminées de Buffon.
  3. Columba vernans L. [Note de Wikisource : actuellement Trenon vernans Linnæus, vulgairement colombar giouanne].
  4. Columba aromatica L. [Note de Wikisource : actuellement Treron aromaticus Gmelin, vulgairement columbar de Buru].