Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/566

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il paraît que, quoique le ramier préfère les climats chauds et tempérés[1] il habite quelquefois dans les pays septentrionaux, puisque M. Linnæus le met dans la liste des oiseaux qui se trouvent en Suède[2] ; et il paraît aussi qu’ils ont passé d’un continent à l’autre[3], car il nous est arrivé des provinces méridionales de l’Amérique, ainsi que des contrées les plus chaudes de notre continent, plusieurs oiseaux qu’on doit regarder comme des variétés ou des espèces très voisines de celle du ramier, et dont nous allons faire mention dans l’article suivant.


OISEAUX ÉTRANGERS
QUI ONT RAPPORT AU RAMIER

I.LE PIGEON RAMIER DES MOLUQUES.

Le pigeon ramier des Moluques[NdÉ 1], indiqué sous ce nom par M. Brisson[4], et que nous avons fait représenter[NdÉ 2] avec une noix muscade dans le bec parce qu’il se nourrit de ce fruit. Quelque éloigné que soit le climat des Moluques de celui de l’Europe, cet oiseau ressemble si fort à notre ramier par la grandeur et la figure, que nous ne pouvons le regarder que comme une variété produite par l’influence du climat.

Il en est de même de l’oiseau[NdÉ 3] indiqué et décrit par M. Edwards[5], et qu’il dit se trouver dans les provinces méridionales de la Guinée : comme

  1. Les rochers des deux îles de la Madeleine servent de retraite à un nombre infini de pigeons ramiers naturels au pays, et qui ne diffèrent de ceux d’Europe qu’en ce qu’ils sont d’une délicatesse et d’un goût plus exquis. Voyage au Sénégal, par M. Adanson, p. 165.
  2. Linn., Faun. suec., no 175.
  3. À la Guadeloupe, les graines de bois d’Inde qui étaient mûres avaient attiré une infinité de ramiers ; car ces oiseaux aiment passionnément ces graines ; ils s’en engraissent à merveille, et leur chair en contracte une odeur de girofle et de muscade tout à fait agréable… Quand ces oiseaux sont gras, ils sont extrêmement paresseux… plusieurs coups de fusil ne les obligent point de s’envoler ; ils se contentent de sauter d’une branche à l’autre en criant et regardant tomber leurs compagnons. Nouveau voyage aux îles de l’Amérique, t. V, p. 486. — À la baie de Tous-les-Saints il y a deux sortes de pigeons ramiers : les uns, de la grosseur de nos pigeons ramiers (d’Europe), sont d’un gris obscur ; les autres, plus petits, sont d’un gris clair ; les uns et les autres sont un très bon manger, et il y en a de si grandes troupes depuis le mois de mai jusqu’en septembre, qu’un seul homme peut en tuer neuf ou dix douzaines dans une matinée, lorsque le ciel est couvert de brouillards et qu’ils viennent manger les baies qui croissent dans les forêts. Voyage de Dampier, t. IV, p. 66.
  4. Ornithol., t. Ier, p. 148, avec une figure, planche xiii, fig. 2.
  5. The triangular spotted pigeon. Hist. of Birds, pl. lxxv.
  1. Columba ænea L. [Note de Wikisource : actuellement Ducula aenea Linnæus, vulgairement carpophage de Pauline].
  2. No 104 des planches enluminées de Buffon.
  3. Columba guinæa L. [Note de Wikisource : actuellement Columba guinea Linnæus, vulgairement pigeon roussard].