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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/575

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devoir lui donner un nom propre, parce qu’il nous paraît être d’une espèce particulière et différente de celle de la tourterelle ; nous l’appelons donc tourtelette, parce qu’il est beaucoup plus petit que notre tourterelle ; il en diffère aussi en ce qu’il a la queue bien plus longue, quoique moins large que celle du tourocco ; il n’y a que les deux plumes du milieu de la queue qui soient très longues ; c’est le mâle de cette espèce qui est représenté dans nos planches enluminées[NdÉ 1] ; il diffère de la femelle en ce qu’il porte une espèce de cravate d’un noir brillant sous le cou et sur la gorge, au lieu que la femelle n’a que du gris mêlé de brun sur ces mêmes parties. Cet oiseau se trouve au Sénégal comme au cap de Bonne-Espérance et, probablement, dans toutes les contrées méridionales de l’Afrique.

V.LE TURVERT.

Nous donnons le nom de turvert[NdÉ 2] à un oiseau vert qui a du rapport avec la tourterelle, mais qui nous paraît être d’une espèce distincte et séparée de toutes les autres. Nous comprenons sous cette espèce du turvert les trois oiseaux représentés[NdÉ 3] : le premier de ces oiseaux a été indiqué par M. Brisson[1] sous la dénomination de tourterelle verte d’Amboine, et dans nos planches enluminées sous celle de tourterelle à gorge pourprée d’Amboine, parce que cette couleur de la gorge est le caractère le plus frappant de cet oiseau[2] ; le second, sous le nom de tourterelle de Batavia, n’a été indiqué par aucun naturaliste ; nous ne le regardons pas comme formant une espèce différente du turvert : on peut présumer qu’étant du même climat et peu différent par la grandeur, la forme et les couleurs, ce n’est qu’une variété peut-être de sexe ou d’âge ; le troisième, sous la dénomination de tourterelle de Java, parce qu’on nous a dit qu’il venait de cette île, ainsi que le précédent, ne nous paraît encore être qu’une simple variété du turvert, mais plus caractérisée que la première par la différence de la couleur sous les parties inférieures du corps.

  1. Brisson, Ornithol., t. Ier, p. 152, avec une figure, pl. xv, fig. 2.
  2. C’est vraisemblablement à cette espèce qu’il faut rapporter les passages suivants : « Il y a dans l’île de Java un nombre infini de tourterelles de couleurs différentes, de vertes avec des taches noires et blanches, de jaunes et blanches, de blanches et noires, et une espèce dont la couleur est cendrée : leur grosseur est aussi différente que leurs couleurs sont variées ; les unes sont de la grosseur d’un pigeon, et les autres sont plus petites qu’une grive. » Le Gentil, Voyage autour du monde, t. III, p. 74. — « Il y a aux Philippines une sorte de tourterelle qui a les plumes grises sur le dos et blanches sur l’estomac, au milieu duquel on voit une tache rouge comme une plaie fraîche dont le sang sortirait. » Gemelli Careri, t. V, p. 266.
  1. No 140 des planches enluminées de Buffon.
  2. Columba viridis L. (Columba melanocephala Gmel., Columba javanica Lath.) [Note de Wikisource : actuellement Ptilinopus melanosplius Salvadori, vulgairement ptilope turgris].
  3. Nos 142, 214 et 177 des planches enluminées de Buffon.