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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/611

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qui voyagent se réunissent en grandes bandes comme la frayonne et la mantelée ; quelquefois même ils ne font qu’une seule bande avec elles, et ils ne cessent de crier en volant ; mais ils n’observent pas les mêmes temps en France et en Allemagne ; car ils quittent l’Allemagne en automne avec leurs petits, et n’y reparaissent qu’au printemps après avoir passé l’hiver chez nous ; et Frisch a raison d’assurer qu’ils ne couvent point pendant leur absence, et qu’à leur retour ils ne ramènent point de petits avec eux, car les choucas ont cela de commun avec tous les autres oiseaux, qu’ils ne font point leur ponte en hiver.

À l’égard des parties internes, je remarquerai seulement qu’ils ont le ventricule musculeux, et près de son orifice supérieur une dilatation de l’œsophage qui leur tient lieu de jabot, comme dans les corneilles, mais que la vésicule du fiel est plus allongée.

Du reste, on les prive facilement, on leur apprend à parler sans peine, ils semblent se plaire dans l’état de domesticité ; mais ce sont des domestiques infidèles qui, cachant la nourriture superflue qu’ils ne peuvent consommer, et emportant des pièces de monnaie et des bijoux qui ne leur sont d’aucun usage, appauvrissent le maître sans s’enrichir eux-mêmes.

Pour achever l’histoire des choucas, il ne s’agit plus que de comparer ensemble les deux races du pays, et d’ajouter à la suite, selon notre usage, les variétés et les espèces étrangères.

Le choucas[NdÉ 1]. Nous n’avons en France que deux choucas : l’un, à qui je conserve le nom de choucas proprement dit[1], est de la grosseur d’un pigeon ; il a l’iris blanchâtre, quelques traits blancs sous la gorge, quelques points de même couleur autour des narines, du cendré sur la partie postérieure de la tête et du cou ; tout le reste est noir, mais cette couleur est plus foncée sur les parties supérieures, avec des reflets tantôt violets et tantôt verts.

Le chouc. L’autre espèce du pays à laquelle je donne le nom de chouc, d’après son nom anglais[2], ne diffère du précédent qu’en ce qu’il est un peu plus petit, et peut-être moins commun, qu’il a l’iris bleuâtre comme le freux, que la couleur dominante de son plumage est le noir, sans aucun mélange de cendré, et qu’on lui remarque des points blancs autour des yeux. Du reste, ce sont les mêmes mœurs, les mêmes habitudes, même port, même conformation, même cri, mêmes pieds, même bec ; et l’on ne peut guère douter que ces deux races n’appartiennent à la même espèce, et qu’elles ne fussent en état de se mêler avec succès, et de produire ensemble des individus féconds.

  1. C’est le choucas de M. Brisson et son sixième corbeau, t. II, p. 24.
  2. C’est le choucas noir ou septième corbeau de M. Brisson, t. II, p. 28. Les Anglais l’appellent chough.
  1. Modenula Turrium [Note de Wikisource : actuellement Coloeus monedula Linnæus, vulgairement choucas des tours].