On sera peu surpris qu’une espèce, qui a tant de rapports avec celle des corbeaux et des corneilles, présente à peu près les mêmes variétés. Aldrovande a vu en Italie un choucas qui avait un collier blanc[1] ; c’est apparemment celui qui se trouve dans quelques endroits de la Suisse[2] et que par cette raison les Anglais nomment choucas de Suisse[3].
Schwenckfeld a eu occasion de voir un choucas blanc qui avait le bec jaunâtre[4]. Ces choucas blancs sont plus communs en Norvège et dans les pays froids[5] ; quelquefois même dans des climats tempérés, tels que la Pologne, on a trouvé un petit choucas blanc dans un nid de choucas noirs[6], et, dans ce cas, la blancheur du plumage ne dépend pas, comme l’on voit, de l’influence du climat, mais c’est une monstruosité causée par quelque vice de nature, analogue à celui qui produit les corbeaux blancs en France et les nègres blancs en Afrique.
Schwenckfeld parle : 1o d’un choucas varié qui ressemble au vrai choucas, à l’exception des ailes qui sont blanches, et du bec, qui est crochu ;
2o D’un autre choucas très rare, qui ne diffère du choucas ordinaire que par son bec croisé[7] ; mais ce peuvent être des variétés individuelles, ou même des monstres faits à plaisir.
LE CHOCARD OU CHOUCAS DES ALPES
Cet oiseau, que nous avons fait représenter[NdÉ 1] sous le nom de choucas des Alpes, Pline l’appelle de celui de pyrrhocorax, et ce seul nom renferme une description en raccourci : korax, qui signifie corbeau, indique la noirceur du plumage ainsi que l’analogie de l’espèce ; et pyrrhos, qui signifie roux, orangé, exprime la couleur du bec, qui varie en effet du jaune à l’orange, et aussi de celle de ses pieds, qui est encore plus variable que celle du bec, puisque, dans l’individu observé par Gesner, les pieds étaient rouges[8],
- ↑ Ornithologia, p. 774.
- ↑ Gesner, De Avibus, p. 522.
- ↑ Charleton, Exercit., p. 75.
- ↑ Aviarium Silesiæ, p. 305.
- ↑ Gesner, p. 523.
- ↑ Rzanczynski, Auctuarium, p. 395.
- ↑ Aviarium Silesiæ, p. 306. J’ai eu cette année dans ma basse cour quatre poulets huppés, d’origine flamande, lesquels avaient le bec croisé : la pièce supérieure était très crochue et du moins autant que dans le bec-croisé lui-même ; la pièce inférieure était presque droite. Ces poulets ne prenaient pas leur nourriture à terre aussi bien que les autres ; il fallait la leur présenter en grand volume.
- ↑ Gesner, De Avibus, p. 528.
- ↑ No 531 des planches enluminées de Buffon.