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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/623

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Tout ce que je trouve sur la durée de la vie de la pie, c’est que le docteur Derham en a nourri une qui a vécu plus de vingt ans, mais qui a cet âge était tout à fait aveugle de vieillesse[1].

Cet oiseau est très commun en France, en Angleterre, en Allemagne, en Suède et dans toute l’Europe, excepté en Laponie[2] et dans les pays de montagne, où elle est rare ; d’où l’on peut conclure qu’elle craint le grand froid. Je finis son histoire par une description abrégée, qui portera sur les seuls objets que la figure ne peut exprimer aux yeux, ou qu’elle n’exprime pas assez distinctement.

Elle a vingt pennes à chaque aile, dont la première est fort courte, et les quatrième et cinquième sont les plus longues ; douze pennes inégales à la queue, et diminuant toujours de longueur, plus elles s’éloignent des deux du milieu qui sont les plus longues de toutes : les narines rondes, la paupière interne des yeux marquée d’une tache jaune, la fente du palais hérissée de poils sur ses bords, la langue noirâtre et fourchue, les intestins longs de vingt-deux pouces, les cæcums d’un demi-pouce, l’œsophage dilaté et garni de glandes à l’endroit de sa jonction avec le ventricule, celui-ci peu musculeux, la rate oblongue et une vésicule du fiel à l’ordinaire[3].

J’ai dit qu’il y avait des pies blanches comme il y a des corbeaux blancs, et quoique la principale cause de ce changement de plumage soit l’influence des climats septentrionaux, comme on peut le supposer à l’égard de la pie blanche de Wormius, qui venait de Norvège[4], et même à l’égard de quelques-unes de celles dont parle Rzaczynski[5], cependant il faut avouer qu’on en trouve quelquefois dans les climats tempérés, témoin celle qui fut prise il y a quelques années en Sologne, et qui était toute blanche, à l’exception d’une seule plume noire qu’elle avait au milieu des ailes[6], soit qu’elle eût passé des pays du nord en France, après avoir subi l’influence du climat, soit qu’étant née en France, cette altération de couleur eût été produite par quelque cause particulière. Il faut dire la même chose des pies blanches que l’on voit quelquefois en Italie[7].

Wormius remarque que sa pie blanche avait la tête lisse et dénuée de

  1. Voyez Albin, t. Ier, p. 14.
  2. Voyez Fauna suecica, no 76. M. Hébert m’assure qu’on ne voit point de pies dans les montagnes du Bugey, ni même à la hauteur de Nantua.
  3. Willughby, p. 87.
  4. Voyez Musæum Voormianum, p. 293. « Ex Norwegiâ ad me transmissa est ubi in nido duo hujus generis pulli inventi… Cum picis vulgaribus, quoad corporis constitutionem planè convenit, nisi quòd colore sit candido et staturâ minori, cùm ad adultam nondum pervenerit ætatem… Caput glabrum visitur. »
  5. Pica alba in oppido Comarno palatinatûs Russiæ educata… Prope Viaska picæ quinque ejusdem coloris sunt conspectæ ; in Volhyniâ non procul a civitate Olikâ una comparuit. » Rzaczynski, Auctuarium, p. 412.
  6. Voyez Salerne, Hist. nat. des oiseaux, p. 93.
  7. Voyez Gerini, Storia degli Uccelli, t. II, p. 41.