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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/649

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excréments dans le nid[1] ; et c’est peut-être ce qui aura donné lieu de croire que cet oiseau enduisait son nid d’excréments humains, comme on l’a dit de la huppe[2] ; mais cela ne se concilierait point avec son habitation dans les forêts les plus sauvages et les moins fréquentées.

On voit souvent ces oiseaux avec les pies et les corneilles, dans les champs labourés qui se trouvent à portée de leurs forêts ; ils y ramassent les petites graines, les racines et les vers que le soc a ramenés à la surface de la terre, et même les grains nouvellement semés[3] ; lorsque cette ressource leur manque, ils se rabattent sur les baies sauvages, les scarabées, les sauterelles et même les grenouilles[4]. Schwenckfeld ajoute qu’ils vont quelquefois sur les charognes ; mais il faut que ce soit pendant l’hiver, et seulement dans les cas de disette absolue[5], car ils passent en général pour n’être point carnassiers, et Schwenckfeld remarque lui-même qu’ils deviennent fort gras l’automne, et qu’ils sont alors un bon manger[6], ce qu’on ne peut guère dire des oiseaux qui se nourrissent de voiries.

On a observé que le rollier avait les narines longues, étroites, placées obliquement sur le bec près de sa base, et découvertes ; la largue noire, non fourchue, mais comme déchirée par le bout et terminée en arrière par deux appendices fourchus, une de chaque côté ; le palais vert, le gosier jaune, le ventricule couleur de safran, les intestins longs à peu près d’un pied, et les cæcums de vingt-sept lignes. On lui a trouvé environ vingt-deux pouces de vol, vingt pennes à chaque aile, et, selon d’autres, vingt-trois, dont la seconde est la plus longue de toutes ; enfin on a remarqué que, partout où ces pennes et celles de la queue ont du noir au dehors, elles ont du bleu par-dessous[7].

Aldrovande, qui paraît avoir bien connu ces oiseaux et qui vivait dans un pays où il y en a, prétend que la femelle diffère beaucoup du mâle et par le bec, qu’elle a plus épais, et par le plumage, ayant la tête, le cou, la poitrine et le ventre couleur de marron tirant au gris cendré[8], tandis que dans le mâle ces mêmes parties sont d’une couleur d’aigue-marine plus ou moins foncée, avec des reflets d’un vert plus obscur en certains endroits. Pour moi, je soupçonne que les deux longues pennes extérieures de la queue, et ces verrues derrière les yeux, lesquelles ne paraissent que dans quelques individus, sont les attributs du mâle, comme l’éperon l’est dans les gallinacés, la longue queue dans les paons, etc.

  1. Ordo avium, p. 62.
  2. Schwenckfeld, p. 243.
  3. Frisch, loco citato.
  4. Voyez Klein, Willughby, Schwenckfeld, Linnæus…
  5. S’ils y vont l’été, ce peut être à cause des insectes.
  6. Frisch compare leur chair à celle du ramier.
  7. Willughby, Schwenckfeld, Brisson…
  8. Ornithologia, t. Ier, p. 793.