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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/674

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de mai de prétendus nids d’étourneaux qu’on avait trouvés, disait-on, sur des arbres ; mais comme deux de ces nids, entre autres, ressemblaient tout à fait à des nids de grives, j’ai soupçonné quelque supercherie de la part de ceux qui me les avaient apportés, à moins qu’on ne veuille imputer la supercherie aux étourneaux eux-mêmes, et supposer qu’ils s’emparent quelquefois des nids de grives et d’autres oiseaux, comme nous avons vu qu’ils s’emparaient souvent des trous des piverts. Je ne nie pas cependant que dans certaines circonstances ces oiseaux ne fassent leurs nids eux-mêmes, un habile observateur m’ayant assuré avoir vu plusieurs de ces nids sur le même arbre. Quoi qu’il en soit, les jeunes étourneaux restent fort longtemps sous la mère, et par cette raison je douterais que cette espèce fît jusqu’à trois couvées par an, comme l’assurent quelques auteurs[1], si ce n’est dans les pays chauds où l’incubation, l’éducation, et toutes les périodes du développement animal, sont abrégées en raison du degré de chaleur.

En général, les plumes des étourneaux sont longues et étroites, comme dit Belon[2] ; leur couleur est dans le premier âge un brun noirâtre, uniforme, sans mouchetures comme sans reflets. Les mouchetures ne commencent à paraître qu’après la première mue, d’abord sur la partie inférieure du corps, vers la fin de juillet ; puis sur la tête, et, enfin, sur la partie supérieure du corps aux environs du 20 d’août. Je parle toujours des jeunes étourneaux qui étaient éclos au commencement de mai.

J’ai observé que, dans cette première mue, les plumes qui environnent la base du bec tombèrent presque toutes à la fois, en sorte que cette partie fut chauve pendant le mois de juillet[3], comme elle l’est habituellement dans la frayonne pendant toute l’année. Je remarquai aussi que le bec était presque tout jaune le 15 de mai ; cette couleur se changea bientôt en couleur de corne, et Belon assure qu’avec le temps elle devient orangée.

Dans les mâles, les yeux sont plus bruns, ou d’un brun plus uniforme[4], les mouchetures du plumage plus tranchées, plus jaunâtres, et la couleur rembrunie des plumes qui n’ont point de mouchetures est égayée par des reflets plus vifs qui varient entre le pourpre et le vert foncé. Outre cela le mâle est plus gros, il pèse environ trois onces et demie. M. Salerne ajoute une autre différence entre les deux sexes, c’est que la langue est pointue dans le mâle et fourchue dans la femelle : il semble en effet que M. Linnæus

  1. « Cova… due o tre volte l’anno, con quattro o cinque uccelli per covata. » Olina, Uccellaria.
  2. Nature des oiseaux, p. 321.
  3. Je ne sais pourquoi Pline a dit, en parlant des étourneaux : « Sed hi plumam non amittunt. » Pline, lib. x, cap. xxiv.
  4. « La femina ha nel chiaro del occhio una maglietta, havendo lo maschio tutto nero bene. » Olina, p. 18. Cette espèce de taie que les femelles ont sur les yeux, selon Olina, est apparemment ce que Willughby veut exprimer, en disant : « Oculorum irides avellaneæ, supernâ parte albidiores », p. 145, et il faut supposer que ce dernier parle ici de la femelle.