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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/685

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plus petit que tous les autres, mais encore plus droit et d’une forme particulière, comme nous le verrons plus bas. Ils paraissent d’ailleurs avoir d’autres mœurs et d’autres allures, ce qui suffit, ce me semble, pour m’autoriser à leur conserver leurs noms particuliers, et à traiter à part chacune de ces familles étrangères.

Les caractères communs que leur assigne M. Brisson, ce sont les narines découvertes, et le bec en cône allongé, droit et très pointu. J’ai aussi remarqué que la base du bec supérieur se prolonge sur le crâne, en sorte que le toupet, au lieu de faire la pointe, fait au contraire un angle rentrant assez considérable ; disposition qui se retrouve à la vérité dans quelques autres espèces, mais qui est plus marquée dans celles-ci.


LE TROUPIALE[1]

Ce qu’il y a de plus remarquable dans l’extérieur de cet oiseau[NdÉ 1] c’est son long bec pointu, les plumes étroites de sa gorge et la grande variété de son plumage : on n’y compte cependant que trois couleurs, le jaune orangé, le noir et le blanc ; mais ces couleurs semblent se multiplier par leurs interruptions réciproques et par l’art de leur distribution : le noir est répandu sur la tête, la partie antérieure du cou, le milieu du dos, la queue et les ailes ; le jaune orangé occupe les intervalles et tout le dessous du corps ; il reparaît encore dans l’iris[2] et sur la partie antérieure des ailes ; le noir qui règne sur le reste est interrompu par deux taches blanches oblongues, dont l’une est située à l’endroit des couvertures de ces mêmes ailes, et l’autre à l’endroit de leurs pennes moyennes.

Les pieds et les ongles sont tantôt noirs et tantôt plombés ; le bec ne paraît pas non plus avoir de couleur constante ; car il a été observé gris blanc dans les uns[3], brun cendré dessus et bleu dessous dans les autres[4] ; et, enfin, dans d’autres, noir dessus et brun dessous[5].

  1. C’est le troupiale de M. Brisson, t. II, p. 86. Il le nomme en latin icterus (l’un des noms latins du loriot, et qui ne peut convenir aux troupiales noirs) ; d’autres, pica, cissa, picus, turdus, xanthornus, coracias ; les sauvages du Brésil, guira tangeima ; ceux de la Guyane, yapou ; nos colons, cul-jaune ; les Anglais lui ont donné dans leur langue une partie des noms ci-dessus ; Albin, celui d’oiseau de Banana.
  2. Albin ajoute que l’œil est entouré d’une large bande de bleu ; mais il est le seul qui l’ait vue, c’est apparemment une variété accidentelle.
  3. Brisson, Ornithologie, t. II, p. 88.
  4. Albin, t. II, p. 27.
  5. Sloane, Jamaïca ; et Marcgrave, Hist. Brasil., p. 192.
  1. L’espèce décrite ici par Buffon est l’Oriolus icterus de Linné ; c’est peut-être une variété de l’Icterus Jamacai des ornithologistes modernes, connue dans l’Amérique du Sud, sous le nom de Soffre, et décrite plus loin par Buffon sous le nom de Carouge. [Note de Wikisource : Il est probable que Buffon confonde ici plusieurs espèces d’orioles très similaires, dont l’actuel Icterus icterus Linnæus, vulgairement oriole troupiale, oiseau de Venezuela et de Colombie, et l’actuel Icterus jamacaii Gmelin, vulgairement oriole des campos, oiseau du Brésil.]