Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/686

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cet oiseau, qui a neuf à dix pouces de longueur de la pointe du bec au bout de la queue, en a quatorze d’envergure, et la tête fort petite, selon Marcgrave. Il se trouve répandu depuis la Caroline jusqu’au Brésil, et dans les îles Caraïbes. Il a la grosseur du merle ; il sautille comme la pie et a beaucoup de ses allures, suivant M. Sloane ; il en a même le cri, selon Marcgrave ; mais Albin assure qu’il ressemble dans toutes ses actions à l’étourneau, et il ajoute qu’on en voit quelquefois quatre ou cinq s’associer pour donner la chasse à un autre oiseau plus gros, et que, lorsqu’ils l’ont tué, ils dévorent leur proie avec ordre, chacun mangeant à son rang ; cependant M. Sloane, qui est un auteur digne de foi, dit que les troupiales vivent d’insectes. Au reste, cela n’est pas absolument contradictoire ; car tout animal qui se nourrit d’autres animaux vivants, quoique très petits, est un animal de proie, et en dévorera à coup sûr de plus grands, s’il trouve l’occasion de le faire avec sûreté, par exemple, en s’associant comme les troupiales d’Albin.

Ces oiseaux doivent avoir les mœurs très sociales, puisque l’amour qui divise tant d’autres sociétés semble au contraire resserrer les liens de la leur : bien loin de se séparer deux à deux pour s’apparier et remplir sans témoin les vues de la nature sur la multiplication de l’espèce, on en voit quelquefois un très grand nombre de paires sur un seul arbre, et presque toujours sur un arbre fort élevé et voisin des habitations, construisant leur nid, pondant leurs œufs, les couvant et soignant leur famille naissante.

Ces nids sont de forme cylindrique, suspendus à l’extrémité des hautes branches et flottants librement dans l’air ; en sorte que les petits nouvellement éclos y sont bercés continuellement. Mais des gens, qui se croient bien au fait des intentions des oiseaux, assurent que c’est par une sage défiance que les père et mère suspendent ainsi leur nid, et pour mettre la couvée en sûreté contre certains animaux terrestres, et surtout contre les serpents.

On met encore sur la liste des vertus du troupiale la docilité, c’est-à-dire la disposition naturelle à subir l’esclavage domestique ; disposition qui se rencontre presque toujours avec les mœurs sociales.


L’ACOLCHI DE SEBA[1][NdÉ 1]

Seba a pris ce nom dans Fernandez[2], et l’ayant appliqué arbitrairement, selon son usage, à un oiseau tout différent de celui dont parle cet auteur, au

  1. Le vrai nom est alcochichi, que j’ai raccourci pour le rendre d’une prononciation moins désagréable. Voyez Seba, t. Ier, p. 90, et planche lv, fig. 4.
  2. De Avibus Novæ-Hispaniæ, cap. iv, p. 14.
  1. Oriolus Novæ-Hispaniæ Gmel. [Note de Wikisource : Voyez l’article du costotol.]