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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome V.djvu/88

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la Suède jusqu’en Grèce, et que même on la retrouve dans des pays plus chauds, comme en Égypte et jusqu’en Nigritie[1].

J’ai dit, dans une des notes de cet article, que MM. de l’Académie des Sciences avaient décrit un balbuzard ou haliætus femelle[2], et qu’ils lui avaient trouvé deux pieds neuf pouces depuis l’extrémité du bec jusqu’à celle de la queue, et sept pieds et demi de vol ou d’envergure, tandis que les autres naturalistes ne donnent au balbuzard que deux pieds de longueur de corps jusqu’au bout de la queue, et cinq pieds et demi de vol ; cette grande différence pourrait faire croire que ce n’est pas le balbuzard, mais un oiseau plus grand que MM. de l’Académie ont décrit : néanmoins, après avoir comparé leur description avec la nôtre, on ne peut guère en douter ; car de tous les oiseaux de ce genre, le balbuzard est le seul qui puisse être mis avec les aigles, le seul qui ait le bas des jambes et les pieds bleus, le bec tout noir, les jambes longues, et les pieds petits à proportion du corps ; je pense donc, avec MM. de l’Académie, que leur oiseau est le vrai haliætus d’Aristote, c’est-à-dire notre balbuzard, et que c’était une des plus grandes femelles de cette espèce qu’ils ont décrite et disséquée.

Les parties intérieures du balbuzard diffèrent peu de celles des aigles. MM. de l’Académie n’ont remarqué de différences considérables que dans le foie, qui est bien plus petit dans le balbuzard ; dans les deux cæcum de la femelle, qui sont aussi moins grands ; dans la position de la rate, qui est immédiatement adhérente au côté droit de l’estomac dans l’aigle, au lieu que dans le balbuzard elle était située sous le lobe droit du foie ; dans la grandeur des reins, le balbuzard les ayant à peu près comme les autres oiseaux, qui les ont ordinairement fort grands à proportion des autres animaux, et l’aigle les ayant au contraire plus petits.


L’ORFRAIE

L’orfraie[NdÉ 1], ossifraga[3], a été appelé par nos nomenclateurs le grand aigle de mer[4]. Il est en effet à peu près aussi grand que le grand aigle ; il

  1. Il me paraît que c’est au balbuzard qu’on doit rapporter le passage suivant : « On nous fit remarquer quantité d’oiseaux en Nigritie, entre autres des aigles de deux sortes, dont l’une vit de proie de terre et l’autre de poisson ; nous appelons celle-ci nonette, parce qu’elle a le plumage de couleur de l’habit d’une carmélite avec son scapulaire blanc. Leur vue surpasse en clarté celle de l’homme. » Relation de la Nigritie, par Gaby. Paris, 1689.
  2. Mémoires pour servir à l’Histoire des animaux, partie ii, article de l’aigle.
  3. Les anciens lui ont donné le nom d’ossifrague, parce qu’ils avaient remarqué que cet oiseau cassait avec son bec les os des animaux dont il fait sa proie.
  4. Le grand aigle de mer. Brisson, t. I, p. 437. — Orfraie ou ossifrague. Description du cap de Bonne-Espérance, par Kolbe, t. III, p. 140.
  1. D’après Cuvier, l’orfraie de Buffon ne serait qu’un jeune pygargue.