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Page:Buies - Chroniques, Tome 2, Voyages, 1875.djvu/157

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VOYAGES

Marchons, marchons encore quelques heures, et nous allons atteindre les premiers contre-forts des Sierras-Nevada. Enfin, nous voilà définitivement sortis du désert, et nous allons entrer dans la vigoureuse et resplendissante nature qui s’étale sur le versant occidental du continent américain. — Le premier phénomène auquel on initie le voyageur, en arrivant dans le Nevada, c’est la grande caverne de Shell Creek Range. Shell Creek est un maigre chaînon des Sierras, dans les flancs duquel s’ouvre la caverne. L’entrée en est basse et obscure sur un espace d’environ vingt pieds, puis, graduellement, elle s’élargit en même temps que la voûte s’élève. De nombreuses chambres se découvrent à droite et à gauche du passage, d’une dimension variable ; l’une d’elles, appelée la salle de danse, a soixante-dix pieds sur quatre-ving-dix : le plafond est à une hauteur de quarante pieds et le sol d’un beau sable compact : une source d’eau, fraîche comme la lèvre d’une vierge, y coule au milieu des gravois, puis, à mesure qu’on avance, s’ouvrent de nouvelles chambres dont les parois ruissellent de stalactites étincelantes. Jusqu’où cette caverne plonge-t-elle dans le ventre des monts, c’est ce qu’on n’a pu déterminer encore ; elle a été explorée jusqu’à une profondeur de quatre mille pieds, mais on n’a pu pénétrer plus avant à cause d’un large précipice qui s’ouvre subitement sous les pas à cette distance.

Nous allons, nous allons toujours ; le train semble avoir hâte, aussi lui, de secouer la poussière entassée de trois jours de désert. À travers les gorges et les défilés des