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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/113

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— Ah ! tâchez d’apprendre pourquoi ; et si vous apprenez que d’un côté ou de l’autre il y ait un accroc, faites-le-moi savoir ; j’y mettrai ordre.

— Hazeldean a-t-il consenti au post-obit ?

— Pas encore ; je ne l’en ai pas pressé. J’attendrai un moment propice si la chose devient nécessaire.

— Elle sera nécessaire.

— Ah ! vous le désirez ? eh bien, cela se fera. »

Randal Leslie arpenta de nouveau la chambre, et après quelques instants de silencieuses réflexions il s’approcha du baron et lui dit :

« Vous le voyez, monsieur, je suis pauvre et ambitieux ; vous m’avez tenté au bon moment, et avec l’appât le plus séduisant. Je succombe. Mais quelle garantie ai-je que cette somme me sera remise, que ces domaines me seront livrés aux conditions stipulées ?

— Avant que rien ne soit convenu, prenez sur moi des informations auprès de n’importe lequel de vos amis, Borrowell, Spendquick, qui vous voudrez ; vous m’entendrez maltraiter bien entendu, mais tous vous diront que lorsque j’ai donné ma parole, je la tiens. Si je dis : « Mon cher, vous aurez l’argent, » on l’a ; si je dis : « Je renouvelle votre billet pour six mois, » c’est chose faite. C’est comme cela que j’entends les affaires. Je suis esclave de ma parole. Dans une affaire comme celle-ci, où il n’y a moyen de passer aucun écrit, je ne puis vous donner d’autre garantie. Allez donc, sachez à quoi vous en tenir sur la valeur de la dite garantie, et revenez dîner à huit heures. Nous passerons après chez Peschiera.

— Oui, dit Randal. Je veux dans tous les cas une journée pour réfléchir. Je ne me dissimule pas la nature de la transaction que vous me proposez, mais ce que j’ai une fois décidé je l’accomplis résolument. Ma seule excuse à mes propres yeux, c’est que si je joue avec des dés pipés, ce sera pour un enjeu si grand que lorsque j’aurai une fois gagné, l’importance de la victoire effacera l’ignominie du début. Ce n’est pas pour cette somme d’argent que je me rends, c’est pour ce que cet argent me permettra d’accomplir. Et dans le mariage du jeune Hazeldean avec cette Italienne, je poursuis un but plus grand encore peut-être. Assurez ce mariage, obtenez le post-obit de Frank et quelle que soit l’issue du plan pour lequel vous avez besoin de mes services, comptez sur ma gratitude et croyez que vous m’aurez mis en position de vous la témoigner d’une manière effective. Je serai ici à huit heures. »

Et Randal sortit.