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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/18

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— Il a dû son entrée au Parlement aux votes de deux de mes proches parents, et lorsqu’en arrivant à Londres, je suis allé dans son cabinet pour lui parler, il m’en a littéralement chassé. Au diable soit l’impertinent ! Si jamais j’en trouve l’occasion, je le payerai de la même monnaie.

— Il vous a chassé ! cela m’étonne de la part d’Egerton ; bien que très-froid, il est généralement poli avec tout le monde. Il faut que vous l’ayez offensé dans son côté faible.

— Un homme si magnifiquement payé par le public ne devrait pas avoir de côté faible. Quel est celui d’Egerton ?

— Oh ! il se pique surtout d’être un parfait gentleman, un homme de l’honneur le plus délicat, dit Lévy avec ironie. Il faut que vous l’ayez blessé là-dessus. Comment cela est-il arrivé ?

— Je ne m’en souviens plus, répondit M. Avenel, qui depuis son mariage connaissait trop bien l’échelle des dignités pour ne pas rougir en songeant au désir qu’il avait témoigné d’être fait baronnet. Inutile de nous casser la tête au sujet de cet arrogant.

— Pour en revenir à ce que nous disions, il faut absolument que j’aie cet argent la semaine prochaine.

— Vous pouvez y compter.

— Et vous ne mettrez pas mes billets dans le commerce ; vous les garderez sous clef.

— C’est convenu.

— Ce n’est qu’un moment difficile, une panique commerciale causée par la chute probable de ces précieux ministres. Je flotterai bientôt sur ces eaux troubles.

— À l’aide d’un bateau de papier, dit le baron en riant ; » et les deux interlocuteurs se séparèrent après s’être donné la main.


CHAPITRE V.

Pendant ce temps, la voiture d’Egerton le déposait à la porte de lord Lansmere, près de Knightsbridge. Il demanda la comtesse et on le fit entrer dans le salon désert. Egerton était plus pâle que de coutume, et lorsque la porte s’ouvrit il s’essuyait le front et ses lèvres tremblaient. La comtesse en entrant laissa voir, elle aussi, des signes d’émotion également étrangers à son calme habituel. Elle pressa silencieusement la main d’Audley, et, s’asseyant près de lui, parut chercher à rassembler ses idées ; à la fin elle dit :

« Nous nous voyons bien rarement monsieur Egerton, malgré votre intimité avec Lansmere et Harley. Je vais bien peu dans le monde, et vous ne venez jamais me trouver.

— Je pourrais, madame, dit Egerton, répondre à votre bienveillant