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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/258

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crate, moi. Je n’ai pas la prétention de porter un collège électoral libre et indépendant dans les poches de mon gilet. Qu’à Dieu ne plaise ! Mais je suis un homme d’affaires, un homme pratique, et ce que je fais, je le fais convenablement. Regardez seulement ce livre. Il est bien tenu, n’est-il pas vrai ? Les noms, les promesses, les inclinations, les opinions publiques et les intérêts privés de chaque électeur de Lansmere, — tout s’y trouve ! Maintenant, comme un homme d’honneur à un autre, je vous montre ce livre et vous y verrez, je crois, que nous pouvons compter sur une majorité de quatre-vingts voix au moins contre M. Egerton.

— C’est là votre point de vue, » dit Harley prenant le livre et jetant un coup d’œil sur les noms qui y étaient catalogués, mais son visage devint sérieux tandis qu’il reconnaissait ceux d’électeurs importants, jadis dévoués aux Lansmere et qu’il voyait maintenant cités comme lui étant hostiles. « Mais sûrement il y a là des personnes au sujet desquelles vous vous faites illusion, dit-il, des vieux amis de ma famille, de fermes soutiens de notre parti.

— Précisément. Mais cette question de la réforme a tout mis sens dessus dessous. Impossible aujourd’hui de compter sur un ami. Il n’y a de certain que ce livre ! fit Dick en frappant sur la couverture rouge avec une énergie calme mais menaçante. « Maintenant, voici ce que je voulais vous proposer : n’exposons pas l’influence des Lansmere à un échec, cela vexerait le vieux comte, lui irait au cœur, j’en suis sûr. »

Harley fit un signe affirmatif.

« Et l’influence des Lansmere peut ne pas succomber si vous voulez soutenir une autre candidature que celle de ce… (pardon, milord). Comme vous voyez, je tiens seulement à faire nommer un membre, vous voulez en faire nommer un autre. Pourquoi pas ? Vous avez un jeune homme de talent, un parent de M. Egerton, Randal Leslie ; je l’accepterai volontiers, bien qu’il soit de votre couleur. Retirez M. Egerton, et je retirerai mon second candidat avant d’en venir au scrutin ; de cette façon nous partagerons le bourg entre nous. Voilà comme j’entends les affaires ; qu’en dites-vous, milord ?

— Randal Leslie. Ah ! vous voulez le faire nommer ? Mais il se présente avec Egerton, non pas contre lui ?

— Ah ! fit Dick en souriant, c’est ce qu’on dit ; — et nous pourrions le faire passer sur le dos d’Egerton, sans vous en dire un mot. Mais toute notre famille respecte la vôtre, c’est pourquoi j’ai voulu agir ouvertement. Que le comte et votre parti se contentent du jeune Leslie.

— Ce jeune Leslie vous a donc parlé ?

— Non pas quant à la visite que je vous fais en ce moment. C’est une démarche tout à fait secrète et confidentielle, milord. Et maintenant pour faciliter encore les affaires, je propose que mot candidat soit un homme selon le cœur de Votre Seigneurie. J’ai appris que vous vous étiez montré très-bon pour mon neveu qui du reste vous fait honneur, milord. C’est un jeune homme étonnant, bien que