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la marquise étant partie…, à moins que Frank ne s’en charge pour moi. Mais il est bon qu’il aille sur le continent ; cela pourra être mis à profit. En attendant je puis encore faire tout ce que je pouvais raisonnablement espérer, puisque, Frank eût-il épousé Béatrix, il n’eût pas été déshérité. Obtenir du squire qu’il m’avance l’argent pour acheter les terres de Thornhill… ; terminer l’affaire… ; mon mariage avec Violante la facilitera ; il faut que j’en informe Lévy et que je m’assure le bourg ; c’est une bonne idée, je vais aller chez Avenel. À propos, autant vaut que le squire me conserve la substitution après Frank, si par hasard Frank mourait sans enfants. Son désespoir amoureux l’empêchera peut-être de se marier d’ici à longtemps… Il avait la main bien chaude…, les pommettes rouges… Il arrive souvent que ces hommes vigoureux déclinent rapidement, surtout lorsque quelque chose pèse sur leur esprit… ; il est si faible leur esprit !

— Ah ! — le curé d’Hazeldean — et en compagnie d’Avenel. Et ce jeune homme, qui est-il ? J’ai vu cette figure-là quelque part. Mon cher monsieur Dale, voici une bien agréable surprise. Je vous croyais reparti pour Hazeldean avec notre ami le squire.

— Le squire ? Aurait-il quitté Londres sans m’en prévenir ? »

Randal tira le curé à l’écart.

« M. Hazeldean, dit-il, était pressé de retourner vers sa femme qui naturellement était inquiète de son fils à cause de ce sot mariage, mais je suis heureux de vous dire que ce projet d’union est forcément et définitivement rompu.

— Comment ? comment cela ? Mon pauvre ami m’a dit que ses représentations avaient complètement échoué auprès de Frank, et m’a défendu de jamais lui reparler de cette femme. Mais vous vous rappelez sans doute Léonard Fairfield, votre ancien antagoniste dans la bataille des Stocks ?

— Mon neveu, dit Avenel avec orgueil. »

Randal s’inclina avec une politesse marquée, Léonard avec une réserve non moins marquée.

Avenel attribua la froideur de son neveu à la timidité.

« Vous devriez être amis, jeunes gens, dit-il. Qui sait si vous ne serez pas un jour attelés au même char ? Cela me fait songer, Leslie, que j’ai un mot à vous dire. Votre serviteur, monsieur Dale. — Je serai ravi de vous présenter à mistress Avenel. Voici ma carte. Tu passeras chez moi demain, Léonard, et rappelle-toi que je serai très-fâché contre toi si tu persistes dans tes refus. Une si belle occasion ! »

Avenel prit le bras de Randal tandis que Léonard et M. Dale s’éloignaient de leur côté.

« Avez-vous quelque chose de nouveau au sujet de Lansmere ? demanda Randal.

— Oui, je suis décidé quant au plan à suivre. Il nous faudra combattre deux contre deux, vous et Egerton, contre moi et mon neveu Léonard, du moins si je puis comme je l’espère, le décider à se porter candidat.