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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/269

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— Quoi ! fit Randal alarmé, alors je ne dois après tout espérer de vous aucun appui.

— Je ne dis pas cela ; mais j’ai des raisons de croire que lord L’Estrange s’emploiera activement en faveur d’Egerton. S’il en est ainsi la lutte sera vive, et il faut que je dirige toute l’élection de notre côté, que je réunisse et que je stimule nos électeurs indécis, ce à quoi je réussirai mieux en me présentant moi-même d’abord, quitte à refuser plus tard, car je ne suis pas aussi désireux d’être nommé que je l’étais il y a quelque temps, avant d’avoir retrouvé mon neveu. C’est un jeune homme bien étonnant ! Avec une tête comme la sienne, il me fera honneur dans cette vieille chambre pourrie ; et quant à moi je crois que je ferai mieux de quitter Londres et de m’en aller à Screwstown surveiller mes affaires. Si Léonard se présente, mon premier soin doit être de le faire nommer et mon second d’empêcher Egerton de l’être. La chose se terminera donc probablement par la nomination d’un candidat de chaque couleur, comme nous l’avions d’abord pensé, Léonard de notre côté, et de l’autre ce ne sera pas Egerton. Vous comprenez ?

— Parfaitement, mon cher Avenel. Bien entendu, comme je l’ai déjà dit, je ne puis dicter un choix à votre parti, et il est naturel de penser que les vôtres préféreront la défaite d’un adversaire aussi éminent que M. Egerton à celle d’un novice tel que moi. Je ne puis ni ne dois travailler à un pareil résultat, cela serait mal interprété et ferait tort à ma réputation. Mais je m’en rapporte à vos promesses.

— Je ne promets rien ; il faut d’abord que je prenne l’air du bureau, car je ne sais si vous conviendrez à mes amis, et si je serai le maître de les diriger. Tout ce que je puis dire, c’est qu’Egerton ne sera pas nommé à Lansmere. En attendant, faites attention de ne pas trop vous commettre en parlant, afin que notre parti puisse sans inconséquence voter en votre faveur. Il faut que nous puissions compter sur vous, lorsqu’une fois vous serez à la chambre.

— Je ne suis pas pour le moment un homme de parti bien ardent, répondit prudemment Randal, et si l’opinion publique se déclare en votre faveur, il est du devoir d’un homme politique de marcher avec son siècle. — Vous devriez entrer vous-même au Parlement ; votre neveu est encore bien jeune.

— Il est de votre âge.

— Oui, mais je connais le monde. Le connaît-il ?

— Le monde le connaît du moins, bien que sous un autre nom que le sien, et il a relevé ma fortune.

— Comment cela ? Vous m’étonnez. »

Avenel s’expliqua d’abord au sujet du brevet d’invention dont Léonard lui avait assuré la propriété, et ensuite il confia à Randal sous le sceau du secret, l’identité de Léonard et de l’auteur anonyme en qui le curé avait cru reconnaître le professeur Moss. Randal Leslie se sentit mordre au cœur par la jalousie.

« Quoi ! ce paysan cet associé de John Burley (vagabond litté-