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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/288

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CHAPITRE XVI.

Harley, en rentrant à Londres, rencontra Randal Leslie qui s’éloignait en toute hâte d’Eaton-Square, où il avait non-seulement reconduit M. Avenel, mais encore passé la moitié du jour dans la société de ce gentleman. Il se rendait maintenant à la Chambre, où l’on s’attendait à une communication relative à l’époque de la prochaine dissolution du Parlement.

« Milord, dit Randal, permettez-moi de vous arrêter un instant. J’ai été à Norwood et j’y ai vu notre noble ami. Il m’a naturellement confié tout ce qui s’est passé ! Comment vous exprimer ma reconnaissance ! Avec quelle habileté, quel courage, vous avez sauvé le bonheur, et peut-être l’honneur de ma fiancée !

— Votre fiancée ! Le duc de Serrano est donc disposé à tenir la promesse que vous avez été assez heureux pour obtenir du docteur Riccabocca ?

— Il confirme cette promesse, plus solennellement que jamais. Une telle magnanimité a, en effet, droit de vous surprendre.

— Non ! c’est un philosophe ; rien de sa part ne saurait m’étonner. Mais lorsque je l’ai vu, il paraissait croire qu’il vous serait difficile d’expliquer certaines circonstances.

— Rien cependant n’était plus facile. Permettez-moi de vous donner ces mêmes explications qui ont satisfait celui que la philosophie elle-même n’a fait que rendre aussi accessible à toute vérité, qu’il est clairvoyant pour tout mensonge.

— Une autre fois, s’il vous plaît, monsieur Leslie. Si le père de votre fiancée est satisfait, quel droit aurais-je de douter encore ? À propos, vous vous présentez pour Lansmere, m’a-t-on dit ; faites-moi, je vous prie, le plaisir d’établir votre quartier général au château pendant les élections. Vous accompagnerez naturellement M. Egerton ?

— Vous êtes bien bon, milord, répondit Randal surpris.

— Vous acceptez ? C’est bien, nous aurons alors tout le temps nécessaire pour les explications que vous me faites l’honneur de m’offrir ; et pour vous rendre la visite plus agréable, j’espère décider nos amis de Norwood à se réunir à nous. Au revoir. »

Et Harley continua son chemin, laissant Randal immobile d’étonnement, mais en même temps inquiet et méfiant. Que signifiait cette grande bienveillance de la part de lord L’Estrange ? Probablement rien de bon.

« Je vais peser chacun au poids de la justice, se dit intérieurement Harley — je jetterai dans la balance le poids léger de ce coquin. Violante ne peut jamais être à moi, mais je ne l’ai pas